Origine et histoire du Château de Merpins
Les ruines du château de Merpins se dressent sur un éperon rocheux à Merpins-Vieux-Bourg, sur la rive gauche de la Charente, au confluent du Né, de la Charente et de l'Antenne, à proximité de Cognac et de l'ancienne voie gallo-romaine reliant Saintes à Périgueux. Le site, qui forme un oppidum barré, a fait l'objet d'une occupation dès le Néolithique. La tradition attribue la fondation de la forteresse à la seconde moitié du VIIIe siècle sous l'impulsion de Charlemagne, mais aucun document ne vient l'attester ; la place aurait été prise par les Normands en 850. Dès le Xe siècle, la châtellenie appartenait aux Taillefer, comtes d'Angoulême. Au XIIe siècle et au-delà, la possession change à plusieurs reprises : Merpins est pris par les Anglais en 1176, Richard Cœur de Lion le donne en 1180 à Philippe de Falcombridge, puis il est vendu à Jean sans Terre en 1204, qui fait réparer la forteresse. Par la suite Henri III en fait don à Hugues X de Lusignan, comte de la Marche. Après la bataille de Taillebourg en 1242 Merpins redevient français, mais le traité de Brétigny de 1360 le rend aux Anglais. La forteresse est reprise après un siège conduit par le maréchal de Sancerre et, une fois reprise en 1387, le roi Charles VI ordonne sa destruction. Le site reparaît dans les guerres de Religion, successivement occupé par les catholiques puis par les protestants, et délogé par le duc de Mayenne en 1577. Élevée à l'extrémité d'une pointe rocheuse, la motte a une forme légèrement allongée d'environ 40 m sur l'axe ouest-est et 60 m sur l'axe nord-sud ; elle est protégée au nord et à l'est par de larges fossés taillés dans le roc et séparée du plateau par un fossé. L'ensemble était soutenu par des contreforts de maçonnerie et comportait une enceinte avec quatre tours, dont un donjon dont l'emplacement précis n'est pas connu, ainsi qu'une poterne, un puits et un couloir souterrain. Des tours rondes s'avançaient dans les douves et des travaux de fortification datent notamment des XIIe et XIIIe siècles, les Anglais ayant renforcé les murailles et creusé une douve sèche après 1179. Les fouilles de 1972-1973 ont mis au jour, sous une tour et sous l'enceinte, un couloir aménagé en escalier creusé dans le roc et maçonné sur sa partie haute : il s'agit d'une courtine inclinée longue de 30 m, large de 3,50 m et haute de 3 m, comportant une porte ouvrant sur le fossé à 5 m sous le niveau actuel et une baie. En 1975, une porte en arc brisé du XIIe siècle a été découverte sous une ouverture murée de la barbacane, donnant accès à un couloir creusé dans le roc puis à un escalier. Ces découvertes confirment l'importance des aménagements défensifs et l'organisation souterraine du site.