Période
1ère moitié XVIe siècle, 3e quart XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Château : classement par liste de 1862. Enclos castral dans ses limites actuelles : sols, éléments subsistants de la composition et éléments subsistants de la clôture, à l'exclusion des parties déjà classées ; les deux colombiers polygonaux ; bâtiment des communs, à l'exclusion de l'aile en retour ; grande chapelle de l'école, y compris le vestibule, à l'exclusion des aménagements du réfectoire en sous-sol (cad. AL 4 à 26, 31, 37, 62, 66) : classement par arrêté du 12 octobre 1995
Origine et histoire du Château de Mesnières
Le domaine de Mesnières, sur la commune de Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime), occupe un emplacement fortifié dont l'histoire remonte au XIe siècle. Robert de Mesnières y fit édifier une forteresse en bois entourée d'une palissade, citée dans une donation de 1043 aux bénédictins de Sainte-Catherine du Mont et contresignée par Guillaume le Conquérant, pour contrôler le passage d'une voie romaine et la vallée de la Béthune. Vers 1200 la seigneurie passa à la famille Valliquerville, puis au milieu du XIVe siècle à Henri de Bailleul ; à la fin du siècle la baronnie revint par alliance à la famille de Boissay, dont plusieurs membres se succédèrent (Robert de Boissay, gouverneur de Dieppe, puis Laurent, Louis et Charles de Boissay). Après le démantèlement de la forteresse par les Anglais au XVe siècle, Charles de Boissay poursuivit la reconstruction amorcée par son père vers 1500 et, après son mariage en 1521 avec Madeleine Picart, s'inspira de l'architecture Renaissance des châteaux de la Loire. Les travaux, achevés après sa mort sous la surveillance de sa sœur Suzanne de Gouvis, aboutirent notamment à la bénédiction de la chapelle le 4 avril 1546. Par mariage le château passa aux Fautereau — mentionné comme acquis en 1590 (ou 1544 ?) par François de Fautereau — et son fils Nicolas, fidèle d'Henri IV, vit la demeure ravagée par les Ligueurs. Louis de Fautereau obtint en 1650 l'érection de la terre en marquisat et procéda vers 1660 à des agrandissements et aménagements, notamment de la chapelle, de la galerie des Cerfs, du plafond de la salle des Cartes et de la salle des Quatre-Tambours. La succession se compliqua au XVIIIe siècle : après la mort sans héritier du petit-fils à Malplaquet en 1709, le domaine fut mis en vente en 1713 et, malgré l'opposition d'un descendant illégitime qui s'en empara un temps, passa à Jean-Baptiste Durey de Vieuxcourt. Son fils, Jean-Baptiste-François, président de Mesnières, se distingua par ses travaux sur les registres du Parlement et par son opposition à Louis XV ; une entrevue avec la marquise de Pompadour inspira selon la tradition un épisode repris par Musset. Le fils de celui-ci, ruiné par le jeu, dut vendre le domaine au roi en 1762 (ou 1766 ?), qui l'échangea immédiatement avec Michel-Charles-Louis de Biencourt, marquis de Poutrincourt. Séquestré pendant la Révolution, le château fut transformé en prison lors de la Terreur et abrita jusqu'à 150 détenus. Restitué en 1799, il fut occupé et restauré par Charles-Nicolas de Biencourt, qui fit aménager notamment la porte de l'aile gauche et une série de bustes, reçut la duchesse de Berry en 1827 et mourut sans postérité en 1833. Mis en vente, le domaine fut acquis en 1834 par l'abbé Charles Eude, qui y installa la communauté des Frères de la Miséricorde et transforma le château en établissement d'enseignement avec orphelinat et pensionnat ; l'aile droite fut surélevée en 1840, le parc fut en partie délaissé et une grande chapelle fut construite entre 1861 et 1864. De nouvelles constructions furent édifiées entre 1865 et 1904 pour l'Institution Saint-Joseph, dont la direction fut reprise en 1878 par la congrégation des Pères du Saint-Esprit. Au XIXe siècle le château joua un rôle central dans la vie du village, fournissant notamment l'électricité et abritant un fournil, selon le maire Dany Minel. Le 20 février 2004 un incendie, attisé par un vent violent, détruisit aux trois quarts la toiture et brûla entièrement les deux chapelles, ancienne et du XIXe siècle. Dix années de restauration, conduites jusqu'en 2014 sous l'impulsion de Michel Huet, ancien directeur de l'institution, ont permis de reconstruire et de remettre en état les parties endommagées. Aujourd'hui le domaine accueille à nouveau des activités économiques, touristiques, culturelles et pédagogiques : l'institut Saint-Joseph comprend un collège et un lycée qui offrent, outre l'enseignement général, quatre filières techniques (horticulture‑jardins‑espaces verts, santé et social, forêt, hôtellerie‑restauration) et hébergent environ 400 à 500 élèves et étudiants en internat.