Origine et histoire du Château de Miromesnil
Le château de Miromesnil, situé sur la commune de Tourville‑sur‑Arques en Seine‑Maritime (Normandie), est une demeure privée connue notamment comme lieu de naissance de Guy de Maupassant. Construit à la fin du XVIe siècle sur l'emplacement d'un château fort de la famille Dyel détruit en 1589 lors de la bataille d'Arques, il reflète des évolutions stylistiques aux XVIIe et XIXe siècles. La reconstruction, entreprise vers 1590‑1600 par Jacques Ier Dyel et achevée par son neveu Jacques II Dyel des Hameaux, a donné la partie centrale et l'ordonnance majestueuse de la façade nord. La façade nord, ornée d'une ordonnance classique, est flanquée de clochetons et reliée aux extrémités par un rez‑de‑chaussée dans le goût d'Henri IV, tandis que des modifications de 1640 lui ont imprimé des accents du style Louis XIII. Le roi a élevé la terre de Miromesnil en marquisat en faveur de Thomas Hue de La Roque, et la famille Hue de Miromesnil a marqué le lieu au XVIIIe siècle. Armand Thomas Hue de Miromesnil, troisième marquis et haut magistrat, y mourut ; sa bienveillance envers la population permit à la famille et au château de traverser la Révolution sans heurt, le domaine revenant ensuite à sa fille. Des étages aux extrémités furent ajoutés au XIXe siècle et le château connut par la suite diverses locations et ventes. Guy de Maupassant y est né le 5 août 1850 ; sa famille, locataire de la baronne de Marescot, y résida jusqu'en 1853. Le château a changé de mains à plusieurs reprises : acquis en 1895 par André Le Breton, puis en 1938 par des neveux d'Eugène‑Melchior de Vogüé, il subit un incendie en 1945 qui détruisit la toiture. Il fut ensuite la propriété de la comtesse Bertrand de Vogüé en 1998, puis repris en 2004 par Jean‑Christophe et Nathalie Romatet, petits‑enfants de Bertrand de Vogüé. Le domaine bénéficie d'une protection au titre des monuments historiques et son parc figure à l'Inventaire général du patrimoine culturel. L'accès au château se fait par un pont de pierre franchissant des douves sèches ; le corps central, à deux niveaux, est flanqué à l'arrière de deux tourelles et prolongé aux extrémités par des pavillons. La fenêtre centrale du second étage porte les armes des Hue de Miromesnil : trois hures de sanglier surmontées d'une couronne de marquis. Les jardins, clos de murs de briques, sont dominés par un cèdre du Liban bicentenaire et entourés d'une futaie de hêtres, caractéristique du pays de Caux. Fidèles au plan du XVIIIe siècle, la hêtraie, classée comme site naturel, comprend environ 3 000 hêtres et les jardins ont reçu le label « jardin remarquable ». Le potager, d'origine médiévale, a été repensé en 1945. La chapelle, édifiée à la fin du XVe et au début du XVIe siècle en grès et silex et dédiée à saint Antoine l'Ermite, conserve des statues polychromes et des vitraux du XVIe siècle ; desservie jusqu'à la Révolution par les moines de l'abbaye de Fécamp, elle est située sur la commune voisine de Saint‑Aubin‑sur‑Scie et protégée au titre des monuments historiques.
