Origine et histoire du Château de Montaiguillon
Le château de Montaiguillon est un château fort situé à Louan-Villegruis-Fontaine. Il s'agit d'une place forte érigée à la fin du XIIe siècle. Une légende affirme que des souterrains le reliaient à Provins. Il aurait été construit par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et représente l'un des rares sites médiévaux restés non modifiés. À 1,5 km à l'ouest passait un chemin dit « Perré », voie gallo-romaine reliant Troyes à Senlis par Meaux, ce qui faisait de cet emplacement un point stratégique pour la défense d'un grand axe commercial en l'absence de cité fortifiée. Durant la minorité de Thibaut IV, Philippe Auguste intervint pour encourager la construction de fortifications en Champagne ; c'est la raison évoquée pour l'architecture identique entre Montaiguillon et le château royal du Louvre, ces deux ouvrages ayant été réalisés par les architectes du roi. Parallèlement, Blanche de Navarre fit réparer et édifier plusieurs places fortes, dont le château de Mont-aimé. Les templiers occupèrent la forteresse au XIVe siècle ; après leur procès, Montaiguillon passa aux mains des chevaliers de Malte. Pendant la guerre de Cent Ans, le château fut le théâtre d'un siège célèbre où figurèrent des guerriers réputés tels que les sires de Barbazan et de Lahire, Pierre de Chailly, le commandeur de Giresme et Prigent de Coëtivy. En 1433, Nicolas de Giresme et Denis de Chailly reprirent Montaiguillon et sa région aux Anglais. Le fief appartint ensuite successivement à De Boucicault, à Baudricourt, puis à la maison de Choiseul, qui le conserva jusqu'en 1595, date à laquelle M. de Villemonté en fit l'acquisition. En 1613, Louis XIII, soucieux d'éliminer toute menace contre son pouvoir, indemnisa de Villemonté et ordonna la destruction de la place forte, exécutée à l'aide d'explosifs. Le château, édifié sur une butte de sable de Fontainebleau de 20 à 30 mètres, encaissa les déflagrations ; une tour se mit à pencher sans s'effondrer. Montaiguillon changea ensuite de propriétaires et fut vendu en 1718 au marquis de Saint-Chamans, maréchal des camps et armées du roi et lieutenant des gardes du corps. Son fils, Alexandre Louis de Saint-Chamans, marquis de Saint-Chamans et de Montaguillon, lieutenant général de l'armée du roi et grand sénéchal d'épée du Béarn, dut émigrer en 1792. Les ruines furent classées au titre des monuments historiques en 1875. Le château est encore à vendre ; depuis le meurtre de son précédent gardien en 2002, le lieu est tenu à l'écart par les habitants et considéré comme « hanté », l'identité du tueur restant inconnue.