Origine et histoire du Château de Montaillou
Les restes du château de Montaillou, inscrits aux monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1984, se dressent sur une butte dominant le bourg et la haute vallée de l'Hers, à la frontière ancienne entre le comté de Foix et le pays de Sault. La seigneurie dépendait du comte de Foix dès le début du XIIe siècle, et un castrum est mentionné dans la liste des forteresses du comte en 1272. Au XIIIe siècle, le domaine appartint à Bernard d'Alion, seigneur de Donézan, qui épousa Esclarmonde de Foix ; Bernard fut condamné pour hérésie et brûlé à Perpignan en 1258, et le château fut probablement démoli à cette époque. Après la chute de Montségur en 1244 il avait d'ailleurs été partiellement rasé, puis reconstruit puisqu'il réapparaît dans les textes en 1272. En 1309, des habitants de Montaillou suspectés d'hérésie furent arrêtés, rassemblés au château puis transférés à Carcassonne pour être interrogés par l'Inquisition. Aux XIVe et XVe siècles la forteresse joua un rôle important pour la défense des limites du comté de Foix. Au début du XVe siècle, et plus encore pendant les Guerres de Religion, le château dut être remis en état pour résister à un siège : en 1415 on nettoya le fossé, on renforça les fortifications par l'édification d'échauguettes crénelées et la pose de hourds sur les courtines de la basse-cour, et l'on prévint l'approvisionnement en pierres à lancer sur les assaillants. Les habitants furent mis à contribution pour convoyer bois, chaux et sable, travailler sur le chantier et aménager des espaces de stockage et un enclos pour les animaux. Trente-deux hommes du village furent affectés à la garde et à la défense de la basse-cour, tandis que des soldats assuraient la défense du donjon ; l'équipement comprenait des casques (cervelières et bassinets), des épées, lances et boucliers, et certains défenseurs disposaient d'arbalètes avec vingt-quatre carreaux chacun. On ordonna aussi à la communauté de se procurer trois canons de moyen calibre avec vingt boulets de pierre de 5,5 kg par pièce et la poudre nécessaire, ainsi que vingt arbalètes supplémentaires avec trois douzaines de carreaux chacune, à mettre en réserve. Le château perdit progressivement son rôle de poste frontière et Louis XIII ordonna son démantèlement en 1638. Aujourd'hui ne subsistent que quelques pans de murs du donjon et des courtines de la basse-cour, ainsi que la trace des fossés dont les pierres ont été réemployées. La silhouette évoque une maison forte carrée dont il ne reste plus que trois murs, et divers arrachements laissent supposer qu'elle comportait trois niveaux. La présence d'un cachot dans la partie basse d'une tour est attestée.