Origine et histoire
Le château de Montarnal, situé dans le hameau éponyme de la commune de Sénergues (Aveyron), occupe un promontoire rocheux en bordure du Lot, à la limite du Cantal. Le toponyme Montarnal (mont d'Arnaud) est attesté dans la seconde moitié du XIe siècle et le site est fortifié dès cette époque, comme l'atteste la tour circulaire sud. De nouvelles fortifications sont entreprises vers le milieu du XIVe siècle, avec notamment l'aménagement de la salle seigneuriale. Au Moyen Âge, le château sert de point de transit pour le bois, le vin et le sel — la grotte est alors aménagée en entrepôt — et constitue une étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. L'architecture et les dispositions militaires du site sont considérées comme uniques en Rouergue. L'ensemble comprend un donjon à plan circulaire, rare en Rouergue, une enceinte appuyée sur le rocher, une salle seigneuriale située en contrebas, une basse-cour et une cave creusée dans le roc. Au premier étage du donjon se trouve une archère à étrier, également rare en Rouergue, et au deuxième étage une archère à étrier à double croisillon, seul spécimen connu dans la région. Le mur d'enceinte est percé d'une porte à l'ouest, défendue par une tour circulaire à gorge ouverte protégeant l'aile ouest ; au sud, deux petites tours circulaires du même type assurent le flanquement. Les canonnières de ces tours sont datées du milieu du XVe siècle. La salle seigneuriale est ornée de fenêtres géminées à colonnettes et chapiteau de granit et possède une souche de cheminée cylindrique. La famille d'Austrin de Conques pourrait avoir fourni les premiers seigneurs, qui disposaient de droits de navigation ou de traversée sur le Lot dans la première moitié du XIe siècle. En 1287, Guy VI de Sévérac échange avec Eustache de Beaumarchais les droits qu'il exerçait sur le vieux château de Mouret, sur Montarnal et Espeyrac contre les droits d'Eustache sur les fiefs de Saint-Grégoire et de Vimenet. Le château appartient ensuite aux Montarnal, puis aux Moret, originaires de Mouret, jusqu'au XVIIIe siècle, avant de passer à François Figeagol de Lagrange, dernier seigneur avant la Révolution. L'édifice est restauré depuis 1977 par Gérard Revel et partiellement classé au titre des monuments historiques par arrêté du 25 avril 1997.