Origine et histoire du Château de Montceaux
Le château de Montceaux, aussi appelé château royal de Montceaux‑lès‑Meaux, château des reines ou château des trois reines, se dresse à Montceaux‑lès‑Meaux, en Seine‑et‑Marne. Sa construction débute au début du XVIe siècle pour la famille Saligaut; un acte de 1504 mentionne la fondation d’une chapelle dédiée à la Vierge au « chasteau dudit Montceaulx ». Le domaine entre par dot en 1531 dans la famille de Jean Laguette, qui, riche de ses charges, reconstruit le château à partir de 1544 en élevant un corps de logis avec pavillons d’angle, une aile munie d’une grande salle et une chapelle en pierre et brique. Laguette fait couvrir une galerie de 50 mètres et fait rehausser et orner les façades : le bâtiment présente un quadrilatère entouré de douves, un pavillon central avec escalier et des pilastres dont les chapiteaux alternent dorique au rez‑de‑chaussée et ionique à l’étage, conformément au système vitruvien enseigné par Sebastiano Serlio et appliqué alors pour la première fois en France. Accusé de malversations, Laguette doit céder le château vers 1555–1557 ; Henri II l’offre à Catherine de Médicis, qui le choisit comme résidence et y fait intervenir Philibert de l'Orme, le menuisier Francesco Scibec de Carpi et des artistes comme Le Primatice. Catherine fait aménager notamment, au bout de l’allée du Mail, un pavillon de la grotte avec une façade à l’ordre colossal et une loge pour observer les jeux de mail ; elle s’y rend fréquemment et y séjourne lors d’événements politiques, comme la « surprise de Meaux ». Après un passage entre mains de créanciers, le château est acquis le 25 mars 1596 par Gabrielle d’Estrées pour 39 000 écus, acquisition liée à la faveur d’Henri IV; Gabrielle entreprend d’importants travaux confiés à Jacques II Androuet du Cerceau, avec des marchés attribués à Jean de l'Orme et Rémy Collin pour certains pavillons. La reconstruction s’appuie sur les fondations existantes et donne un château en terre‑plein carré, avec pavillons d’angle à simple rez‑de‑chaussée, façades à l’ordre colossal et une aile basse côté entrée; à la mort de Gabrielle en 1599, le corps de logis et les pavillons sont presque achevés. Henri IV offre ensuite le domaine à Marie de Médicis en 1601 ; Salomon de Brosse poursuit les travaux à partir de 1608, aménage une grande salle de bal et transforme l’étage du pavillon d’entrée en chapelle, puis les travaux s’arrêtent en 1622 lorsque la reine entreprend le palais du Luxembourg. Au XVIIIe siècle le château, propriété de la Couronne, est donné au prince de Conti qui y installe un rendez‑vous de chasse dans un pavillon ; confisqué comme bien national en 1793, il est largement démoli à partir de 1799. De cette destruction subsistent la chapelle, des éléments des bâtiments de l’avant‑cour et quelques pavillons d’angle ; au XIXe siècle certaines parties sont transformées en habitation bourgeoise avec décor intérieur remis au goût du jour et percements de façades, tandis que l’aile est devient un corps de ferme. Le site a conservé un parc qui rappelle l’existence du château et des vestiges visibles aujourd’hui témoignent de ses différentes phases de construction et d’embellissement. Le château a été classé au titre des monuments historiques en 2005.