Origine et histoire du Château de Montdardier
Le château de Montdardier, situé sur la commune éponyme dans le Gard, à 9 km du Vigan, occupe une position dominante sur une colline qui surplombe la vallée de la Glèpe et l'extrémité sud-est du Causse de Blandas. Le site commande depuis le Moyen Âge l'antique voie reliant Le Vigan à Lodève ; il a été fréquenté par des pèlerins vers Saint-Jacques et porte aussi des traces d'occupation romaine, attestant une utilisation ancienne comme lieu défensif. Le terroir de Montdardier est mentionné dès 1099 dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert, et l'existence d'une forteresse est attestée au XIIe siècle ; il semble toutefois que le poste primitif n'occupait pas exactement l'emplacement actuel, mais un secteur entre le village, le hameau de la Sanguinède et le mas de la Gardie, encore appelé "castel viel". La configuration du château s'inscrit dans le mouvement d'édification des châteaux médiévaux du XIIe siècle, où l'édifice occupe le sommet et le village s'implante à sa proximité pour bénéficier de sa protection. Sa situation, à la limite des Cévennes et du Causse, offre un vaste panorama allant jusqu'au Vigan, vers l'est jusqu'à Saint-Hippolyte-du-Fort et, par temps clair, jusqu'au Mont Ventoux, ce qui traduit son importance stratégique. Montdardier a connu de multiples destructions et reconstructions : élevé au rang de forteresse royale pendant la guerre de Cent Ans, il fit l'objet de travaux en 1365 pour résister aux Anglais venus de Guyenne, fut incendié en 1469 par une bande au service du comte d'Armagnac et pillé en 1563 lors des guerres de Religion. Restauré à la fin du XVIe siècle, il subit ensuite une démolition ordonnée par le duc de Ventadour qui commença en 1609 mais resta inachevée, puis une nouvelle restauration en 1703 ; un pillage suivi d'un incendie en 1792 détruisit une grande partie de la forteresse et, après les destructions révolutionnaires, le château fut laissé en ruine. Vers 1860, Fernand de Ginestous confia à Viollet-le-Duc l'établissement de plans de restauration ; l'architecte fit reconstruire entièrement la forteresse dans le style médiéval qui lui est propre, en conservant toutefois une tour du XVe siècle comme témoin du passé ainsi que certaines substructions reposant directement sur le rocher naturel. Le blason des Ginestous de Montdardier est gravé au-dessus du portail : écartelé, au 1er et 4e d’or au lion rampant de gueules, armé et lampassé de sable ; au 2e et 3e d’argent à trois fasces crénelées de trois pièces de gueules. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques le 20 février 1989. Tout au long des siècles, sa position lui a conféré un rôle de frontière, entre Causse et Cévennes, entre terres anglaises et terres françaises pendant la guerre de Cent Ans, entre protestantisme et catholicisme lors des guerres de Religion, et plus tard entre zones républicaines et royalistes au XIXe siècle, puis entre ensembles industriels et milieu agricole au XXe siècle.