Origine et histoire du Château de Monte-Cristo
Alexandre Dumas fit l'acquisition d'un coteau planté de vignes à Port-Marly en 1844, profitant du succès de ses feuilletons pour y construire une maison de campagne. Il confia d'abord des plans à l'architecte Planté, puis fit poursuivre les travaux par Hippolyte Durand, qui transforma le projet en un pavillon néo-Renaissance. Le château, édifié au milieu d'un parc aménagé à l'anglaise, fut inauguré en juillet 1847. Dumas imagina aussi un petit castel gothique sur une île artificielle, baptisé le château d'If et accessible par une passerelle de pierre, dont la maçonnerie porte les titres de ses œuvres gravés. Le parc exploitait le relief du coteau pour créer pelouses, grottes, rocailles, cascades, bassins et ruisseau, suivant des principes signalés par cinq planches du poème de William Mason. Le bâtiment principal s'élève sur plusieurs niveaux au‑dessus de caves et d'un rez‑de‑chaussée, ces caves abritant cuisines et communs nécessaires à un auteur gastronome. Les façades, richement sculptées, mêlent motifs floraux, putti, instruments de musique, armes et animaux fantastiques ; des médaillons figurent des écrivains dramatiques au fronton des fenêtres du rez‑de‑chaussée. Le blason familial avec trois aigles et la devise « J’aime qui m’aime » figurent au fronton de la porte d'entrée, tandis que les initiales de Dumas ornent les oeils‑de‑boeuf et les clochetons. À l'intérieur, le rez‑de‑chaussée comprenait salons et salle à manger, le premier étage accueillait chambre, bibliothèque, cabinet de toilette et le salon mauresque décoré de motifs orientaux par deux artisans tunisiens, Hadji Younis et son fils Mohammed. Balzac qualifia la demeure de « plus royale bonbonnière », soulignant son caractère très orné et hétéroclite, reflet des souvenirs de voyages de son propriétaire. Après la révolution de 1848 et la faillite de son Théâtre‑Historique, Dumas, accablé de dettes, fut contraint de vendre la propriété — vente signalée en mars 1849 pour 31 000 francs or — et quitta les lieux en 1851. Le domaine se délabrera ensuite pendant plusieurs décennies et son mobilier fut dispersé pour apurer les dettes de l'écrivain. En 1894, Hippolyte Fontaine et son épouse Jeanne Villeret achetèrent le château, lui redonnèrent de l'éclat, le dotèrent de l'électricité et y affectèrent du personnel. Après diverses transmissions, le site connut une nouvelle menace en 1969 lorsque son propriétaire voulut le raser ; l'historien Alain Decaux créa alors la Société des amis d'Alexandre Dumas pour en empêcher la démolition. En 1970, les communes de Port‑Marly, Marly‑le‑Roi et Le Pecq acquirent le domaine via un syndicat intercommunal et, en collaboration avec la Société des amis d'Alexandre Dumas, engagèrent sa restauration. Les façades, les toitures, le salon mauresque, le château d'If et son pont furent classés au titre des monuments historiques en 1975, puis le parc, le portail d'entrée, les fabriques, les cascades et la fontaine furent inscrits en 1987. Le roi du Maroc Hassan II contribua au financement de la remise en état du salon mauresque, et le musée du château ouvrit ses portes en 1994, recevant le label Musée de France. Le parc, aujourd'hui envahi d'érables et d'acacias et ayant perdu plusieurs points de vue sur la vallée, nécessite une restauration profonde. Un chantier de restauration a été mené de fin 2015 à mai 2016 pour un montant de 921 000 euros, et l'ensemble du domaine a été classé le 5 juillet 2016, assurant une protection globale du site.