Origine et histoire du Château de Montépilloy
Le château de Montépilloy, en ruine, se situe sur la commune de Montépilloy dans l'Oise, en Hauts‑de‑France. Les restes ont été classés monuments historiques par arrêté du 3 mai 1963. On y distingue le flanc nord‑ouest d'un donjon haut de 35 m, visible à plus d'une dizaine de kilomètres, une muraille d'enceinte indatable, un châtelet du début du XIIIe siècle rehaussé à la fin du XVe siècle et un « château neuf » inachevé du début du XVe siècle comprenant une tour, une courtine avec porte fortifiée et deux corps de logis. Le site est en ruine depuis la dernière phase de la guerre de Cent Ans et l'enceinte a servi de ferme seigneuriale jusqu'à la Révolution ; cette ferme est aujourd'hui inexploitée. En 2019, des bénévoles de l'association Chantiers Histoire et Architecture Médiévales ont entrepris des travaux de restauration.
Le château occupe le sommet d'une butte à 133,5 m et domine la plaine environnante de 30 à 40 m ; il se situe au nord du village, face à la place et entouré de forêt, et contrôlait l'ancien tracé de la route de Crépy‑en‑Valois à Senlis. Le toponyme, attesté sous de multiples formes latinisées et vernaculaires dès le IXe siècle, associe mont et le picard espillouère, signifiant « regard » ou « ouverture », d'où l'interprétation Montépilloy = « mont de l'observatoire, de la tour de guet ».
Les chartes montrent que, entre le milieu du XIIe siècle et 1353, la seigneurie appartenait à la famille des Bouteiller de Senlis, qui fit sans doute édifier la muraille et la porte fortifiée aux XIIe‑XIIIe siècles. En 1353 Jean Le Bouteiller vendit la seigneurie à Robert de Lorris ; le château fut dévasté et incendié lors de la Grande Jacquerie de 1358, et Robert de Lorris réclama des réparations. Le donjon actuel semble postérieur à cette destruction et sa construction a pu être engagée ou poursuivie par les propriétaires suivants, notamment Enguerrand de Coucy puis Olivier V de Clisson, qui put en achever certains éléments. Au début du XVe siècle, Guillaume II Le Bouteiller fit mener d'importants travaux et fit intervenir l'architecte Jean Aubelet : les deux étages supérieurs du donjon furent remaniés et une nouvelle cour noble édifiée entre 1409 et 1411, mais les travaux cessèrent lorsque le château passa aux mains d'autres seigneurs. Par la suite Montépilloy servit principalement de ferme seigneuriale et resta la propriété de familles seigneuriales, dont celle de Montmorency, jusqu'à la Révolution.
Les vestiges portent la marque d'au moins cinq campagnes de construction : une enceinte irrégulière avec neuf angles, la porte fortifiée entre deux tours en fer à cheval, le donjon circulaire ruiné, et le « château neuf » entamé au début du XVe siècle. La porte fortifiée forme un châtelet cantonné de deux tours rondes extérieures hautes de quatre niveaux (13,60 m) ; son passage voûté a été remplacé par un plafond en bois et des niveaux supérieurs à vocation résidentielle ont été ajoutés après la fin du XVe siècle. La muraille d'enceinte, entourée de larges douves aujourd'hui en partie remblayées, s'étend sur 80 à 90 m de diamètre et est construite en blocage de moellons, sans contreforts visibles permettant une datation précise.
Le donjon mesurait environ 35 m de haut sur six niveaux et près de 17–18 m de diamètre ; l'entrée se faisait au troisième niveau par un pont‑levis et un couloir aménagé dans l'épaisseur du mur, flanqué de salles de garde, d'un assommoir et d'une herse. À l'intérieur, des escaliers rampants logés dans les murs desservent les différents niveaux ; le troisième niveau était séparé du quatrième par un plancher alors que le quatrième était voûté d'ogives ; des aménagements tardifs des sous‑sols et du couloir datent peut‑être du XVe ou du XVIe siècle. La tour, partiellement détruite depuis la fin de la guerre de Cent Ans et endommagée à nouveau pendant les guerres de Religion, ne subsiste aujourd'hui que par son flanc nord‑ouest ; sa datation présente des traits mêlant des références au XIIIe, XIVe et XVe siècles et reflète des remaniements, en particulier la surélévation des niveaux supérieurs avec mâchicoulis attribuée aux travaux de Jean Aubelet autour de 1409‑1411.
Le « château neuf », commencé vers 1409‑1411 et jamais achevé, visait à établir une cour noble à l'est de l'enceinte ; il comprend une tour neuve d'environ 10 m de diamètre, une courtine orientée nord‑sud, un logis noble à l'est et un petit corps de logis au nord. La tour neuve, haute de quatre étages, conserve surtout son mur arrière et une cave voûtée ; le premier étage paraît avoir servi de cachot et le troisième comporte une tourelle d'escalier en encorbellement reliant logis et chemin de ronde. La courtine neuve, encore bien conservée, comporte une porterie à pont‑levis, des mâchicoulis du même type que ceux du donjon et, près du donjon, une cave profonde voûtée en berceau exploitée lors de la construction. Un second tronçon de courtine au nord du donjon, nécessaire pour clore la cour noble, n'a jamais été entrepris. Les bâtiments de la ferme moderne ont été adossés à la muraille et occupent la moitié ouest de l'enceinte, mais le donjon et le château neuf restent libres au milieu de la cour et n'ont pas été fortement altérés par ces additions.
En 2012, le site a été ouvert au public pour la première fois pendant quarante jours, avec visite libre ou commentée et une exposition sur l'histoire et l'architecture du château.