Période
4e quart XIIe siècle, XIIIe siècle, XIVe siècle, XVe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les communs, à l'exclusion des parties classées ; l'allée, la cour verte, le petit mail de tilleuls (cad. A 360 à 362, 364 à 366, 748) : inscription par arrêté du 26 septembre 2000 - Le château, à savoir le logis et le pavillon XVIIIe siècle, les tours du XIIIe siècle, le châtelet et la chapelle, ainsi que les façades et les toitures des communs et le mur du potager (cad. A 362, 365, 366, 748) : classement par arrêté du 17 septembre 2003
Origine et histoire du Château de Montmuran
Le château de Montmuran, situé sur la commune des Iffs en Ille‑et‑Vilaine, se trouve à 28 km de Rennes et à 49 km de Saint‑Malo ; il est classé au titre des monuments historiques depuis le 17 septembre 2003. Le site est peut‑être d’origine antique : l’oppidum de Montmuran aurait été, avant Corseul, le centre politique des Coriosolites. Au XIe siècle, Alain III de Bretagne fonde l’abbaye Saint‑Georges de Rennes et y associe la seigneurie de Tinténiac, qui sera donnée en fief au chevalier Donoual chargé d’y édifier une forteresse. Un premier château en bois est construit en 1036 puis détruit par les Plantagenêts en 1168 ; vers 1170, le seigneur de Tinténiac fait rebâtir en pierre une forteresse dont subsistent au moins deux tours intégrées à l’édifice actuel. Aux XIVe et XVe siècles, Montmuran est une puissante place forte composée de plusieurs tours reliées par des courtines ; le château passe en 1352 à la famille de Laval et la chapelle voit des événements marquants : en 1354 Bertrand Du Guesclin y est adoubé après avoir repoussé une attaque anglaise, et en 1374 il épouse Jeanne de Laval dans cette même chapelle. La tradition locale conserve le souvenir d’un « chemin sanglant » associé à ces combats, explication à laquelle s’ajoute le fait que le sol de certains secteurs contient de l’oxyde de fer, de teinte rougeâtre. Au XVe siècle le châtelet et la chapelle sont repris, puis la seigneurie reste dans les familles Laval et Coligny jusqu’au milieu du XVIIe siècle ; Charlotte de Laval épouse Gaspard de Coligny dans la chapelle en 1547. De 1643 à la fin du XVIIIe siècle, la propriété change de mains à plusieurs reprises (familles Hamilton, Huchet, Coëtquen, Mornay, de la Motte) ; saisie à la Révolution, elle est vendue en 1794 à la famille Bizien du Lézard, puis rachetée en 1888 par M. de La Villéon, dont les descendants en sont propriétaires. Un incendie criminel en 1889 endommage une partie du château. Inscrites depuis le 26 septembre 2000, les dépendances ont précédé le classement de l’ensemble en 2003. Plus récemment, une poutre s’écroule en 2020, la mérule est repérée dans la charpente en 2022 et un important chantier de restauration est lancé ; le projet reçoit en 2023 une aide du Loto du patrimoine de 300 000 € et les travaux s’achèvent en juillet 2024. Le château est ouvert à la visite les après‑midi d’été et lors d’événements comme la Nuit des châteaux ou les Journées du patrimoine ; il accueille aussi des réceptions et des tournages. Architecturalement, on accède au domaine par une allée boisée ; l’ensemble comprend deux tours nord du XIIe siècle, un châtelet imposant du XIVe siècle composé de deux tours à mâchicoulis encadrant l’entrée, une herse, des douves et deux ponts‑levis encore fonctionnels. La partie centrale, enfilade de salons formant le logis, date du XVIIe siècle et a été remaniée au XVIIIe siècle ; l’un des tours conserve d’ailleurs d’intéressantes étuves du XIVe siècle. Le domaine comprend également une orangerie et des dépendances du XVIIIe siècle, ainsi que des parterres en terrasses qui soulignent sa position dominante et offrent une vue dégagée sur la campagne. La chapelle conserve des vitraux ornés des écussons de France et de Montmorency‑Laval. Le peintre Emmanuel de La Villéon a réalisé des tableaux représentant le château, qui a servi de lieu de tournage pour Belle Dormant (2015), L’île de la demoiselle (2024) et pour certaines scènes du docu‑fiction Tuer au nom de Dieu d’Hugues Nancy, diffusé le 26 août 2025.