Origine et histoire du Château de Montrésor
Le château de Montrésor, perché sur un éperon rocheux dominant la vallée de l'Indrois, occupe le bourg du même nom à une quinzaine de kilomètres à l'est de Loches en Indre-et-Loire. Sa fondation est traditionnellement attribuée à Foulques Nerra, qui aurait fait édifier au sommet un donjon pour contrôler l'accès aux plateaux. L'ensemble fortifié a connu plusieurs phases : démolition à partir de 1203, reconstruction aux XIVe–XVe siècles et transformation en logis à la Renaissance. Jean IV de Bueil fit alors reconstruire et renforcer les défenses ; les travaux conduits par l'entrepreneur Jean Binet sont à l'origine du mur d'enceinte, du châtelet d'entrée et des communs. Imbert de Batarnay, puissant conseiller royal de la fin du XVe siècle, acheta le domaine et fit édifier un logis Renaissance en appui sur le mur sud de l'enceinte, tout en rehaussant l'entrée du château. Le corps de logis s'étendait alors sur une longueur plus importante qu'aujourd'hui, flanqué de tourelles et appuyé sur des éléments médiévaux réemployés. Après des vicissitudes pendant la Révolution et une période de dégradation au XIXe siècle, le comte Xavier Branicki acquit le domaine en 1849 et entreprit sa restauration ; ses descendants conservent encore la propriété. Xavier Branicki fit restaurer les toitures, reconstruire des communs, aménager une terrasse sud, redessiner le parc et remeubler le logis dans le goût du Second Empire, enrichi d'objets et de souvenirs liés à l'histoire polonaise. Le site présente un donjon primitif polygonal dont subsiste un pan du mur ouest, ainsi qu'un donjon-porche d'accès composé de deux tours circulaires remaniées aux siècles suivants. La double enceinte, principalement conservée, témoigne des évolutions défensives : l'enceinte intérieure du XIIe siècle porte des arcatures d'encorbellement et des vestiges de chemin de ronde, tandis que l'enceinte du XIVe siècle renforce les côtés nord et est et accueille des tours adaptées à l'artillerie. Le logis principal Renaissance se développe en un corps rectangulaire à deux étages et combles mansardés, avec tourelles coniques au sud et échauguettes en encorbellement au nord ; des niches d'angle abritent des statues. La distribution intérieure comporte notamment deux escaliers aménagés dans l'épaisseur des murs, dont un en acajou et bronze doré posé par Xavier Branicki. Les communs, adossés à l'enceinte nord, mêlent vestiges médiévaux — greniers, chemin de ronde, ouvertures étroites — et reconstructions du XIXe siècle qui accueillent des logements et une orangerie. Le décor intérieur reflète les choix de Branicki : mobilier de style Second Empire, pièces anciennes inspirées de la Renaissance italienne, tableaux d'écoles diverses, bas-reliefs, trophées de chasse, collections d'armes et un ensemble d'orfèvrerie et d'objets polonais. Parmi les pièces conservées figurent des portraits par Winterhalter, des bas-reliefs en chêne et une urne renfermant le cœur de Claude de Batarnay. Le parc, remodelé au XIXe siècle, a été planté d'essences exotiques et enrichi de sculptures, dont L'ange déchu de Costantino Corti et une copie du Soldat mourant de Jules Franceschi, ainsi qu'un bassin décoré d'un jet d'eau. Au XXe siècle, le château a connu des usages ponctuels comme hôpital auxiliaire et cantonnement, tandis que la protection patrimoniale s'est renforcée : le site a fait l'objet d'une inscription et l'ensemble château, communs, enceintes et parc est classé au titre des monuments historiques. Depuis que la commune a orienté son développement vers le tourisme, le château, en grande partie ouvert au public, constitue l'un des principaux atouts du village et accueille chaque année un flux important de visiteurs.