Origine et histoire du Château de Montreuil-en-Touraine
Ancien château de Montreuil-en-Touraine (Indre‑et‑Loire). Le fief relevait de la baronnie de Vernou, elle-même soumise aux archevêques de Tours. L'édifice, de plan rectangulaire, présente des éléments défensifs et des douves qui témoignent de sa vocation de maison forte. La construction actuelle est en grande partie du XVe siècle et a été modifiée au XVIe siècle dans un souci de renforcement de la défense. Des traces de charbon de bois trouvées au nord, à l'extérieur, suggèrent l'existence d'un château primitif en partie construit en bois. L'ensemble repose sur une cave voûtée. L'intérieur comprend de vastes salles éclairées sur deux pans, ayant conservé leurs petits carrelages d'époque et leurs poutraisons. Un escalier de bois de plan carré à balustres et deux grandes cheminées intérieures complètent le décor. La façade d'arrivée a été transformée au fil des siècles : la porte gothique d'origine a été bouchée et une porte monumentale a été percée à côté à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle. Une étroite fenêtre rebouchée au‑dessus de la porte primitive, décorée de pilastres plats à bases et chapiteaux, appartient à la Renaissance. Les autres fenêtres ont été remaniées au XVIIe siècle ; leurs meneaux en bois de section arrondie présentent à la croisée un cabochon carré saillant et conservent leurs menuiseries et volets intérieurs d'époque. La toiture en ardoise d'origine s'appuyait sur un pignon à rondelis sur la façade est. Au moment de la vente comme bien national en 1794, le château était décrit comme « sur une isle, entouré de douves » avec au nord un pont en bois sur piliers de pierre ; les douves existent encore au sud et à l'ouest et se remplissent ponctuellement lors de fortes pluies. Le château a connu un délabrement progressif : déjà en très mauvais état lors de la vente de 1794, le logis principal fut largement ruiné au XIXe siècle, la cave seule semblant épargnée. Après la Révolution, Jean‑François Lemarié acquit le bien le 4 juin 1794 pour 53 200 livres ; la propriété resta dans sa famille puis passa par mariage à la famille Hogou, qui l'utilisa comme grange jusqu'en 1976. La société civile immobilière de Monstereul en devint propriétaire en 1976, mais ne put assurer une restauration complète ; seuls les sols furent refaits et la toiture et la charpente s'effondrèrent durant l'hiver 1980‑1981. Les façades et les deux cheminées intérieures ont été inscrites aux monuments historiques par arrêté du 15 octobre 1974. En 1989, la commune de Montreuil‑en‑Touraine racheta le logis principal et la grange, puis une association de sauvegarde créée le 20 avril 1990 s'engagea, en accord avec la commune, à contribuer à la préservation, à préparer une restauration et à animer le site. Une toiture provisoire en tôle fut posée en 1990 ; l'association fit ensuite un four traditionnel en 1991, consolida des éléments et installa une toiture provisoire en 1993, et remplaça les poutres maîtresses et aménagea la cave en 1997. Elle a par ailleurs organisé une fête du pain chaque deuxième samedi de septembre pendant une vingtaine d'années et animé des ateliers de restauration. Les archives et le cadastre de 1809 attestent l'existence ancienne de l'île et des douves et les propriétaires connus s'étendent du XIe siècle (Girard, chevalier) à diverses familles seigneuriales des siècles suivants, puis aux propriétaires postrévolutionnaires jusqu'à la commune.
