Origine et histoire du Château de Montsoreau
Le château de Montsoreau s'élève sur un promontoire rocheux en rive gauche de la Loire, à la confluence immédiate avec la Vienne, au cœur du Val de Loire. Bâti à l'intersection historique de l'Anjou, du Poitou et de la Touraine, il occupe un emplacement stratégique entre deux petites vallées et domine la plaine alluviale du fleuve. Édifice de transition entre le château fort et le palais de plaisance, il associe des dispositifs défensifs — fossé, mâchicoulis, meurtrières — à des préoccupations de confort et d'éclairage, marquées notamment par de larges fenêtres et des coussièges. Construit en tuffeau extrait localement, le logis présente un plan barlong flanqué de deux tours carrées et prolongé par trois ailes, avec des tourelles d'escalier dans les angles et un soubassement rocheux apparent en certains points de la cour. L'architecture intérieure se caractérise par l'enfilade des pièces sans couloir, de vastes caves voûtées donnant sur la Loire, un escalier médiéval à vis et une tourelle octogonale Renaissance dont l'escalier est couronné d'une voûte en palmier. Le chemin de ronde est fractionné par des lucarnes gothiques à deux niveaux qui éclairent à la fois les combles et les salles du logis, et le décor mêle éléments gothiques et motifs d'inspiration italienne propres à la première Renaissance. Des études du bâti et des fouilles ont mis au jour des vestiges antiques et gallo-romains, dont du mobilier et un fût de colonne cannelée, témoignant d'une occupation du site antérieure à la fortification médiévale. La fortification primitive a été transformée au fil des siècles : l'occupation du site remonte à l'Antiquité, il est fortifié à la fin du premier millénaire, puis remodelé et embelli surtout lors des travaux liés à la famille de Chambes qui édifia le logis actuel. Le château a appartenu à de grandes familles seigneuriales — comtes d'Anjou et de Blois, Gautier de Montsoreau, Savary de Montbazon, la maison de Craon, les Chabot, puis Jean II de Chambes — dont l'influence se traduit dans l'histoire politique et religieuse de la région. Jean II de Chambes, qui fit construire le corps de logis, et ses descendants contribuèrent à la notoriété du site, tandis que Jean IV de Chambes est associé aux événements sanglants de la Saint-Barthélemy en Anjou. Au cours des siècles suivants, la seigneurie passa à la famille du Bouchet de Sourches, puis le château connut une longue série de propriétaires et des remaniements qui l'affaiblirent avant des campagnes de restauration au XXe siècle. Menacée et en partie en ruine au début du XXe siècle, la forteresse fit l'objet d'une campagne de sauvegarde lancée par l'État et le conseil général de Maine-et-Loire, avec des restaurations engagées dans les années 1920 et reprises après la Seconde Guerre mondiale, puis de nouveaux travaux à la fin du XXe siècle. Entre 1956 et 1999 le château abrita le musée des goums marocains et des affaires indigènes du Maroc, avant d'accueillir, après un bail signé en 2016, le Château de Montsoreau‑Musée d'art contemporain qui expose une importante collection centrée sur le collectif Art and Language. Le musée contemporain, ouvert en avril 2016, présente une collection régulièrement prêtée à des institutions nationales et internationales et s'inscrit dans la réouverture au public et la valorisation du site. Classé monument historique en 1862, le château bénéficie d'un périmètre de protection et d'un espace boisé classé qui encadrent son entretien et ses aménagements, et il est inclus dans l'inscription UNESCO du Val de Loire. Le village de Montsoreau, qui s'est développé autour du port et de la seigneurie, a reçu les labels « Plus Beaux Villages de France » et « Petite Cité de caractère » en raison de la qualité et de la mise en valeur de son patrimoine. Le site fait également partie d'espaces protégés de type espace naturel sensible et Natura 2000, et accueille le siège du Parc naturel régional Loire‑Anjou‑Touraine, ce qui souligne la valeur écologique et paysagère du val de Loire à cet endroit. Le château a inspiré de nombreux artistes et écrivains : François Rabelais le mentionne dans Gargantua, Alexandre Dumas en a popularisé la seigneurie dans La Dame de Monsoreau, Turner et Rodin en ont fait des représentations, et il a figuré dans des récits romantiques et des œuvres picturales. L'implantation du bâtiment, ses dépendances — tribunal seigneurial, sénéchaussée, collégiale fondée par Marie de Châteaubriant, communs et port — ainsi que l'organisation des jardins et potagers attestent de son rôle à la fois judiciaire, religieux, économique et fluvial. Les matériaux mis en œuvre, notamment le tuffeau et le plomb pour les couvertures et les vitraux, attestent d'un important chantier de construction et d'un savoir-faire local, quantifié par les études portant sur le volume de pierre extrait et travaillé. Les continuités et ruptures architecturales observables au château — confort recherché, dispositifs défensifs résiduels et décor Renaissance — en font un exemple notable de l'évolution des logis seigneuriaux entre Moyen Âge et première Renaissance.