Origine et histoire du Château de Mornay
Le château actuel de Mornay, situé à Saint-Pierre-de-l'Isle en Charente-Maritime, a été entrepris à la fin du XVIe siècle sur l'emplacement d'un édifice plus ancien dont une tour subsiste à l'extrémité des communs. Il se dresse à l'extrémité sud d'un vaste parc rectangulaire entouré d'eau. L'ensemble comprend un pavillon d'entrée séparé du château par une douve, franchie par un pont de pierre. Le château proprement dit forme un bâtiment en équerre flanqué de deux tours carrées, alors que l'ensemble devait initialement former un quadrilatère dont seule une partie a été réalisée. La porterie est un gros pavillon à un étage, coiffé d'un toit à l'impériale et garni de créneaux et de mâchicoulis ; un vaste porche le traverse et, au revers de la façade, on remarque les rainures destinées aux chaînes d'un pont-levis apparemment jamais exécuté. Le corps de logis est couronné d'un attique orné de pots à feu ; les tours présentent trois étages couronnés de créneaux et de mâchicoulis et sont pourvues de tourelles d'escalier en colimaçon. Deux tours sont reliées par une galerie dont la voûte, peinte « à l'italienne », représentait les Métamorphoses d'Ovide et divers sujets mythologiques en camaïeu. Cette décoration, réalisée au XVIIe siècle, fut autrefois attribuée au jeune Nicolas Poussin au XIXe siècle, attribution aujourd'hui rejetée en raison de la qualité des peintures et de la chronologie. Des pièces furent meublées et aménagées au XVIIIe siècle ; on y conservait notamment des cartons de tapisserie de François Boucher. En 1947, les peintures de la galerie et les appartements furent détruits par un incendie. Le château a ensuite été vendu en 1949 et transformé en maison de repos et de convalescence. Le premier seigneur signalé est Pierre Pastureau au XVe siècle ; il était le père de Guillaume Patureau de Mornay (1466-1534). Le château a fait l'objet de nombreuses ventes dont les actes anciens fournissent une description détaillée, et il aurait été reconstruit vers 1642, date à laquelle une gabare ayant perdu sa cargaison liée aux travaux est mentionnée. En l'an VI, Jean-Joseph Gast, seigneur des Gardes et ancien garde de la Porte du Roi, devint propriétaire avec son épouse Marie Marguerite Carayon. Les sous-sols présentent des voûtes en croisées d'ogives, vestiges qui posent la question d'une longue tradition gothique en Poitou ou d'assises plus anciennes. La « tour du chardon », isolée des autres constructions et encore conservée, ressemble aux tours-refuges du XVIe siècle, et un ancien pavillon du XVe siècle subsiste également dans le parc. Le parc se prolonge le long de la rivière Boutonne par une peupleraie plantée de peupliers, d'aulnes, de charmes et de frênes ; certains arbres, remarquables par leur taille et leur âge, sont classés. Les allées sont ponctuées de statues des XVIIIe et XIXe siècles, dont une Diane chasseuse, une copie du Faune Borghèse et divers bustes féminins, et un obélisque se dresse dans le verger. Le parc a été inscrit au titre des monuments historiques le 22 août 1942 ; le château, sa porterie, la tour du Chardon et le parc ont été inscrits le 22 août 1949. Aujourd'hui le château accueille des chambres d'hôtes, des réceptions et des séminaires, et la visite du parc est autorisée tous les jours de 14h30 à 18h30.
