Période
1ère moitié XVIIe siècle
Patrimoine classé
Le château en totalité, les deux pavillons d'entrée (façades et toitures) et le parc, y compris la glacière, en totalité (cad. E 9, 139, 114 à 147, 149, 150, 160, 163 à 166, 172, 175, 176, 168, 169, 141, 151, 152, 178, 173, 174, 8) : inscription par arrêté du 2 août 2004
Origine et histoire du Château de Mortefontaine
Le domaine de Mortefontaine, situé dans l'Oise, est centré sur un château bâti entre 1600 et 1630 pour Philippe Hotman, seigneur de Plailly-Montmélian. À l'origine médiévale la châtellenie dépendait de la couronne puis se morcela entre plusieurs seigneuries, dont des biens de la famille de Vernon et de l'abbaye de Saint-Denis ; au fil des ventes et héritages les terres furent progressivement réunies au profit des Hotman à la fin du XVIe siècle. Le château et la seigneurie passent ensuite entre plusieurs mains : Jacques Le Coigneux acquiert Mortefontaine en 1652 et obtient l'érection en marquisat en 1654, puis la propriété revient à la famille Le Peletier en 1680. Sous Louis Le Peletier, le domaine connaît un important réaménagement paysager à la fin du XVIIIe siècle : le parc à l'anglaise, aménagé vers 1770, comprenait ruisseaux, étangs, fabriques telles qu'un pavillon chinois, une obélisque, une glacière, statues, théâtre, orangerie et volière. Vendue à Joseph Duruey en 1790, la propriété est rapidement frappée par les troubles révolutionnaires ; Duruey est guillotiné en 1794 puis Joseph Bonaparte acquiert Mortefontaine en 1798. Sous Joseph Bonaparte le château devient un lieu de grandes réceptions et de diplomatie : le traité d'amitié franco-américain dit traité de Mortefontaine y est signé le 30 novembre 1800 et les préliminaires de la paix d'Amiens y sont négociés le 25 mars 1802 ; le domaine accueille aussi des fêtes et des mariages familiaux. Joseph Bonaparte fait entreprendre d'importants travaux et la création d'une dizaine de fabriques dans le grand parc ; des travaux au château sont conduits à partir de 1808 sous la direction de l'architecte Jacques Cellerier. Pour préserver la propriété à la chute de l'Empire, elle est placée sous le nom d'une proche de la famille et louée ensuite, puis vendue hors de la famille Bonaparte au début du XIXe siècle, aboutissant en 1827 à l'acquisition par le dernier prince de Condé. Au fil du XIXe siècle et du début du XXe siècle, le domaine est morcelé : en 1894 le « Grand parc » nord est vendu à Agénor de Gramont et à la duchesse Marguerite de Rothschild, où sera construit le château de Vallière ; les deux domaines seront cependant réunis dans la famille Gramont entre 1928 et 1949. À la mort de Sophie Corbin en 1901, le château revient à ses filles qui y vivent et procèdent à des aménagements partiels ; vers 1928 le comte Louis‑René de Gramont en devient propriétaire et entreprend des restaurations. Occupé par les Allemands de juin 1940 à août 1944, le château subit des dégâts limités. Incapable d'en assurer l'entretien, le comte de Gramont le vend en 1949 au Tiers-Ordre des Dominicains, qui y installe un noviciat et une école ; le noviciat ferme en 1958 mais l'établissement scolaire perdure et accueille aujourd'hui un ensemble scolaire du primaire au lycée. Le château a ensuite connu une longue vacance avant d'être acquis en 1985 par un propriétaire qui le loue alors à une chaîne hôtelière, l'édifice ayant accueilli un hôtel de luxe à partir de 1987 ; il est aujourd'hui de nouveau une résidence privée. Le parc a perdu la plupart de ses fabriques et statues, vendues au fil du temps, et seule une statue dite le « gladiateur » subsiste devant l'entrée ; le Petit parc de l'époque de Joseph Bonaparte a fait l'objet d'une inscription au titre des sites en 1947 (40 ha) et le château, ses deux pavillons d'entrée et le parc, dont la glacière, ont été inscrits au titre des monuments historiques le 2 août 2004. Le domaine a aussi inspiré des artistes et des écrivains et a reçu, à l'époque moderne, des tournages télévisés, notamment pour l'émission Secrets d'Histoire en 2015 et 2016.