Origine et histoire du Château de Mortreux
Le château de Mortreux, édifié aux XVe et XVIe siècles, se situe sur la commune de Daon, en Mayenne, sur la rive gauche de la Mayenne en direction d'Angers. Selon l'aveu du 15 septembre 1604 de René de Faye au seigneur de Saint-Michel-de-Feins, l'ensemble comprenait un corps de logis accompagné d'un pavillon, cellier, écuries, cour, clos à douves, fossés remplis d'eau et une basse-cour avec granges, la métairie ayant été anciennement ruinée par les guerres de Religion. Le corps de logis rectangulaire, daté de 1595, présente un double pignon et une tour qui se mire dans l'eau des douves. Les ouvertures sont surmontées de lucarnes caractéristiques du style Henri II ; des fenêtres géminées, séparées par un pilier central et soutenues par deux arcs, complètent la composition. Des fenêtres à meneaux proches du XVe siècle ont été reconstituées en 1931. La partie supérieure des façades est ornée de corniches à modillons en quart de cercle, attribuées à l'époque d'Henri IV, et les cheminées, en briques plates, sont surmontées de tuffeau. La façade sud, la plus harmonieuse, se reflète dans l'eau au coucher du soleil ; les frontons des lucarnes évoquent le style Louis XIII et le salon s'ouvre sur le plan d'eau par un petit balcon en fer forgé du XVIIIe siècle. Inoccupé entre 1832 et 1930, le château a fait l'objet de rénovations engagées à partir de 1930 par Alain du Hamel Fougeroux de Denainvilliers, avec l'appui de l'architecte Bricard et des architectes Guinebretiere et Delattre de Laval. La petite tour, initialement ronde, s'était effondrée et a été reconstruite après 1930 ; la construction du garage et la destruction des écuries sont postérieures. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Allemands et Américains y firent une halte sans causer de préjudice. La réfection de la couverture et de la lucarne de la tour a été réalisée en 1944 ; cette lucarne, d'abord de forme arrondie puis supprimée, fut reconstruites de forme plus rectangulaire, évolution visible sur des tableaux anciens et des cartes postales. Différents travaux de maçonnerie et de couverture ont été menés dans les années 1960 : en 1962 la souche de cheminée et une porte extérieure ont été réparées ; en 1963 des reprises de maçonnerie au pied des façades sur douves et la réfection des peintures des menuiseries extérieures ont été effectuées ainsi que des réparations de couverture ; en 1965 les douves défectueuses ont été réparées ; en 1966 la grille et une porte extérieure sur cour ont été restaurées. Au début de 1967 fut détruite l'écurie de la ferme située en face du château, menaçant ruine, et fut construite la stabulation. Les jardins entourés de douves ont été refaits en 2008, la stabulation bordant la douve haute supprimée en 2009 et une forêt de chênes plantée en 2010. Mortreux est classé monument historique par arrêté du 6 mai 1933 (façades et toitures), référence Mérimée PA00109498 ; un arrêté d'inscription de janvier 2023 a étendu la protection aux deux plateformes fossoyées et à leur sol avec les vestiges des ponts d'origine, ainsi qu'à l'ensemble des douves et fossés et à la totalité du réseau hydraulique, y compris le réservoir et les vannes. Gaufredo de Mortuis acquit des terres en 1060 et Jean de Mortheroux est cité en 1297 ; le premier château fut construit en 1453 par Pierre de Mortreux, puis rebâti en 1595 par Lancelot Trochon, maire de Château-Gontier, qui tenait ces terres de sa femme Renée de Faye, fille de René de Faye. Le château relevait de la paroisse de Saint-Michel-de-Feins avant d'être rattaché administrativement à Daon et il est resté, depuis l'origine, dans la même famille. Mortreux, l'une des premières demeures de plaisance de la période classique, a conservé des éléments défensifs tels que des douves, des meurtrières et de petites ouvertures permettant la surveillance extérieure ; le pont-levis n'existe plus. Un pont d'origine en bois, reconstruit en 1931, donne accès à la cour d'honneur et la grille en fer forgé, encadrée de deux grands piliers en tuffeau, est déjà mentionnée en 1604. La reconstruction de 1595 a utilisé des matériaux régionaux, pierres rosées, tuffeau et ardoises ; l'aile gauche, d'origine 1453, comporte sur le plan d'eau des lucarnes étroites et massives. Le 11 mai 1591 le Prince de Conti s'empara de Mortreux aux mains des ligueurs et la partie centrale fut incendiée et ruinée, puis reconstruite en 1595 par Lancelot Trochon de Beaumont. Des lettres patentes de Louis XV de 1754 citent Jean-Laurent Tochon de Beaumont comme seigneur de Mortreux. Le 15 mai 1794 la municipalité de Daon demanda à combler les douves, ce qui ne fut jamais réalisé. En 1795 Mortreux servit à plusieurs reprises de refuge à un groupe de chouans dirigés par Jean Coquereau ; lors de l'insurrection de 1832, des légitimistes conduits par Gustave de Moulins s'y replièrent après la bataille de Champigné et l'un d'eux raconta avoir extrait une balle à l'un de ses hommes sur le balcon du salon du château.