Origine et histoire du Château de Nesles
Les ruines du château de Nesles sont les vestiges d'un ancien château fort du XIIIe siècle, situés sur la commune de Seringes-et-Nesles dans l'Aisne, à environ deux kilomètres à l'est du village. Le château fut fondé vers 1226 par le comte Robert III de Dreux, dit Gasteblé, après une autorisation du comte Thibaud de Champagne pour y établir une « maison forte ». Issu de la lignée capétienne et comte de Braine, Robert III prit pour modèle le château de Dourdan, bâti quelques années plus tôt par Philippe Auguste. La seigneurie passa par mariage au connétable Gaucher de Châtillon, déjà seigneur de Fère‑en‑Tardenois, et demeura dans cette puissante famille jusqu'à environ 1370. Elle fut ensuite acquise par Jehan de La Personne, vicomte d'Acy et d'Aulnay, riche seigneur, compagnon d'armes de Du Guesclin, sénéchal du Poitou et premier capitaine de la Bastille Saint‑Antoine en 1385. Le château fut assiégé de 1421 à 1423 puis finalement remis aux Anglais en vertu d'un traité. Par mariage, il échut en 1436 à Guillaume de Flavy, ancien capitaine de Compiègne, accusé d'avoir trahi Jeanne d'Arc lors de sa capture; ce personnage, auteur de nombreuses exactions, avait notamment fait capturer le maréchal Pierre de Rieux, qui mourut au château en 1439 après un an de captivité. Guillaume de Flavy fut assassiné en 1449 par sa femme au premier étage de la grosse tour; celle‑ci fut brièvement emprisonnée à la Conciergerie, se remaria avec son amant Pierre de Louvain, lequel fut à son tour assassiné quatorze ans plus tard par les frères de Flavy. Blanche, redevenue veuve, épousa ensuite Pierre Puy, conseiller au Parlement de Paris. Sur le plan architectural, le château de Nesles offre une composition proche de celle de Dourdan, privilégiant la symétrie et la régularité d'un système qualifié de « Philippien ». L'ensemble se présente sous la forme d'une enceinte quadrangulaire flanquée de huit tours de dimensions identiques, complétée à l'angle nord‑est par une grosse tour maîtresse cylindrique isolée, haute d'environ 30 mètres et dont les murs ont cinq mètres d'épaisseur; la porte principale s'ouvre dans la courtine nord entre deux tours. Les murs d'enceinte, leurs tours et le donjon, à l'exception des bâtiments de ferme qui y sont encastrés, sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 29 mai 1922.