Origine et histoire du Château de Noirmoutier
Le château de Noirmoutier, situé sur l'île de Noirmoutier en Vendée, domine la ville par son donjon haut de près de 20 mètres et, avec l'église voisine, constitue l'essentiel des vestiges de l'abbaye de Noirmoutier, témoignant de l'architecture médiévale du XIIe siècle. Les premières traces remontent à 830 avec la construction du castrum de l'abbaye par l'abbé Hilbold du monastère de Saint-Philbert, ouvrage destiné à protéger les moines et la population contre les raids vikings. Relevé en pierre au XIIe siècle par le pouvoir féodal, le château passa sous la domination des seigneurs de La Garnache ; le donjon fut élevé par Pierre V de La Garnache, puis une enceinte pourvue de tours fut érigée autour de la basse-cour. Au XIVe siècle, la forteresse appartint à la famille de la Trémoille, vicomte de Thouars. Le site résista à de multiples attaques : les Anglais en 1342, 1360 et 1386 sous le comte d'Arundel, les Espagnols en 1524 et 1588, puis fut pris en 1674 par les troupes hollandaises de l'amiral Tromp. En 1690, le seigneur de La Paunière, gouverneur de l'île et du château, fit édifier une maison dans l'enceinte qu'il occupa comme demeure. Le château fut vendu en 1720 à Louis IV Henri de Bourbon-Condé, puis revendu en 1767 à Louis XV. Pendant la Révolution, il servit de prison militaire ; le général d'Elbée y fut incarcéré avant d'être fusillé sur la place d'armes, et le siège dans lequel il était assis est conservé dans une salle du château. Transformé en caserne au milieu du XIXe siècle, il servit encore de lieu d'emprisonnement lors de la Commune en 1871, puis pendant les Première et Seconde guerres mondiales. La commune de Noirmoutier-en-l'Île acquit le château en 1901. Depuis 1993, la cour accueille des représentations du Festival de Noirmoutier-en-l'Île, organisées par le Théâtre régional des Pays de la Loire, et le donjon abrite le musée du château, labellisé Musée de France en 2003.
Architecturalement, l'ensemble forme un quadrilatère d'environ 100 mètres sur 50 mètres avec un mur d'enceinte muni d'un chemin de ronde, flanqué aux angles de tours et d'échauguettes, et entourant un donjon central. Le donjon, massif cubique d'environ 19 par 15 mètres construit en moellons grossiers à la fin du XIe siècle et recouvert d'un crépi, comporte trois niveaux — le dernier correspondant à l'habitat seigneurial — et un mur de refend longitudinal. Il est flanqué à ses angles de quatre tourelles défensives, dont deux coiffées de toits en poivrières, et doté d'archères ; au milieu de chacune de ses faces, un contrefort hémicylindrique à amortissement conique permet aux grandes archères d'assurer le flanquement sans être gênées par de hauts contreforts médians. Comme pour la plupart des donjons du XIIe siècle, les deux premiers niveaux étaient à l'origine aveugles et n'ont été percés de baies qu'à partir du XVIIIe siècle. L'enceinte rectangulaire, édifiée au XVIe siècle ou ultérieurement sur l'emplacement d'anciennes courtines, se compose de deux tours, d'une porte unique et d'échauguettes aux angles. Des travaux de défense et de renforcement furent menés pendant la guerre de Cent Ans ; au début du XVIIIe siècle le donjon fut transformé en ouvrage d'artillerie et les tours furent reconstruites. L'ensemble — château, donjon, cour, enceinte et fossés gazonnés — est classé monument historique par arrêté du 18 juillet 1994. Parmi les vestiges et collections associés figurent des sarcophages mérovingiens conservés dans le donjon, des éléments de maçonnerie et fenêtres à coussièges, et une échauguette aménagée avec des ouvertures au sol.
Le musée du château, enrichi depuis 1934 par la Société des amis de Noirmoutier, présente une collection variée liée à l'histoire et à l'archéologie locales, des peintures, des éléments d'ornithologie et des objets de marine, ainsi qu'une importante collection de faïences de Jersey, avec plus de 600 pièces.
