Origine et histoire du Château de Noüe
Le château de Noüe, situé à Villers-Cotterêts (Aisne, Hauts-de-France), est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1927 et fait l’objet d’un second arrêté de protection couvrant le château, ses façades et toitures, le colombier, la chapelle, l’enceinte et les remises depuis le 5 juillet 2004. Le premier château connu au lieu-dit La Noue remonte à la fin du XIe siècle ou au tout début du XIIe et fut remplacé au XIIIe siècle, puis transformé aux XVe et XVIe siècles ; de ces périodes subsistent l’enceinte, le donjon, le pigeonnier et une tourelle de la façade du logis. La terre de Noüe appartint à la famille de Noüe depuis le XIe siècle ; cette famille, bienfaitrice de religieux, obtint en 1156 d’Anscoul de Pierrefonds, évêque de Soissons, le droit d’ériger une chapelle dédiée à saint Jacques. Vers 1539, Pierre II de Noüe dut céder la seigneurie au roi François Ier, qui y installa Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes. En 1642 la ferme de Noüe fut vendue aux religieuses de Soissons ; en 1672 le château appartenait à Denis Leroy, chevalier d’Acquêt. En 1793, Louis de Foucault fit abattre la partie supérieure du châtelet d’entrée et des tourelles et brûla les archives du château. Au XIXe siècle le logis et les dépendances furent largement remaniés ; en 1848 le château servit de résidence à Mohamed Ben Abdallah, dit Bou‑Maza, puis il passa avant 1914 à un propriétaire américain, Henderson. En 1957 la propriété fut acquise par madame Pauline André‑Lécroart ; son fils Charles André y créa les Pépinières du Valois et fut distingué en 1989 par la Dwarf Fruit Tree Association (USA).
L’architecture conserve des éléments du XVe et du XVIe siècle ainsi que des réaménagements du début et du milieu du XIXe siècle. L’enceinte rectangulaire du XVe siècle est épaulée de contreforts et d’échauguettes ; le châtelet d’entrée, de style François Ier, est un donjon carré à trois niveaux cantonné de quatre tourelles dont les parties hautes ont été arasées à la Révolution ; du premier étage on accède aux cheminements de ronde. Le colombier, daté du XVIe siècle, est le plus imposant du Valois : il mesure 9,20 mètres de diamètre, repose sur une colonne centrale voûtée en ogives et est équipé d’une échelle montée sur un arbre tournant, haute de huit mètres, qui dessert 3 755 boulins. La chapelle actuelle, également du XVIe siècle, s’ouvre par une porte encadrée de pilastres cannelés et un tympan sculpté d’un crâne posé sur deux tibias. Le logis a été remanié et seule sa façade demeure datable du XVIe siècle ; une tourelle polygonale qui abritait l’escalier subsiste. Au début du XIXe siècle la façade sur le parc fut refaite dans un goût proche du Premier Empire et dotée d’un large fronton orné d’une figure de Cérès et d’attributs agricoles, sculptures attribuées au sculpteur Jules Manet. Les dépendances — écurie, étables, remises et bâtiments agricoles — ont connu d’importantes transformations au XIXe siècle, avec des constructions et extensions attestées après 1835 ; la ferme voisine, à l’origine dépendante du château, conserve des parties datables du XVIe siècle tandis que la majeure partie des étables, bergeries et fenils remonte au XVIIe ou XVIIIe siècle. Une grange sud‑ouest s’est écroulée en 1940 et une grange sud‑est a brûlé en 1959 ; d’autres bâtiments agricoles ont été ajoutés depuis. L’ensemble constitue un exemple complet de manoir du XVIe siècle avec colombier et chapelle.