Château de Nuits dans l'Yonne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château de style Renaissance

Château de Nuits

  • 51 Rue Maréchal Leclerc 
  • 89390 Nuits
Château de Nuits
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Château de Nuits
Château de Nuits
Crédit photo : Pline - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

4e quart XVIe siècle, 1er quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Le bief (cad. AC 11) : inscription par arrêté du 30 septembre 2013 - L'ensemble du domaine du château de Nuits en totalité, à savoir toutes les parties bâties et non bâties (cad. AC 7, 8, 9, 10), y compris les douves, les murs de clôtures, les grilles et la machine hydraulique : classement par arrêté du 23 février 2016

Origine et histoire du Château de Nuits

Le domaine du château de Nuits, situé à Nuits‑sur‑Armançon dans l'Yonne entre Tonnerre et Montbard, est un château de la Renaissance élevé au XVIe siècle. Il se compose d'un corps de logis à rez‑de‑chaussée élevé sur un étage de soubassement, coiffé d'un grand toit à lucarnes en pierre et encadré par deux pavillons carrés. L'étage inférieur est voûté et de nombreuses cheminées monumentales ont été conservées. Des communs initiaux subsistent sous la forme d'un long corps longitudinal du XVIe siècle et la ferme date de la première moitié du XIXe siècle. Le parc a été tracé et planté d'après des dessins du paysagiste Louis‑Martin Berthault et comporte des essences variées; son parti s'inspire des jardins à l'anglaise.

Élevé pour François de Chenu, seigneur de Ravières et baron de Nuits, le château fut conçu dans la seconde moitié du XVIe siècle comme une demeure à la fois résidentielle et défensive, dans le contexte des guerres de religion. Cette vocation militaire se lit encore dans la présence de meurtrières, d'une vaste esplanade de tir entre les pavillons, de traces de tirs d'artillerie sur les façades, d'un important glacis et de restes de fossés régulièrement inondés par l'Armançon. Entre 1689 et la Révolution, la terre de Nuits appartint à la famille de Clugny; Jean Étienne Bernard de Clugny y fut la figure la plus marquante et le château reçut, entre autres, le jeune officier Louis Nicolas Davout et le naturaliste Buffon. Vendu comme bien national à la Révolution, il fut racheté en 1806 par la marquise de La Guiche, Jeanne‑Marie de Clermont‑Montoison, qui le transforma pour l'adapter aux goûts du XIXe siècle. La marquise mourut brûlée vive devant la cheminée de la salle à manger en 1822; le domaine passa ensuite à une famille originaire d'Ancy‑le‑Franc et établie à Paris. Le château subit de graves dommages et de nombreux pillages pendant la Seconde Guerre mondiale; ses intérieurs font l'objet d'une restauration méthodique depuis près de vingt ans. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1967 et l'ensemble du domaine, hors parties déjà classées, a été inscrit par arrêté du 30 septembre 2013.

D'un plan simple et d'un décor sobre propre aux châteaux de la Renaissance du Tonnerrois, le château a perdu son appareil défensif occidental, autrefois constitué d'un mur crénelé, d'échauguettes, d'un fossé et d'une poterne. Les deux pavillons, élevés sur de puissants soubassements, rythment la silhouette du bâtiment par de larges bandeaux horizontaux et la façade orientale, dépourvue d'ornement superflu, dégage une impression de force marquée par la rigueur des proportions et la combinaison des volumes. La décoration, sobre, est soulignée par des pilastres d'ordre toscan et ionique aux angles des pavillons; la façade atteint 25 mètres de haut et les murs mesurent entre 5 et 7 mètres d'épaisseur. La façade occidentale, en revanche, affiche une élégance plus raffinée avec de hautes fenêtres encadrées de pilastres et couronnées de frontons cintrés, auxquelles répondent des mansardes ornées de têtes de lion sur l'ardoise grise.

À l'intérieur, les salles basses voûtées conservent l'austérité militaire de leurs fonctions originelles, destinées à abriter garnison et habitants en cas de siège, et la cuisine conserve un puits permettant un approvisionnement en eau. Un large escalier de pierre, dont la rampe provient des forges voisines de Buffon, conduit à l'étage noble où subsistent deux vastes cheminées du XVIe siècle, dont celle du grand salon est ornée d'un décor sculpté et du monogramme de la maison de Chenu. La salle à manger aux boiseries, le billard de grand format, le salon aux trumeaux néo‑pompéiens et boiseries réchampies, ainsi que la chambre octogonale de style Empire fréquentée par Davout, témoignent des aménagements et du confort du XIXe siècle; Buffon y travailla dans son cabinet de « curiosités ». La grande galerie à l'étage supérieur abrite la bibliothèque et dessert les appartements familiaux.

Vingt‑deux pièces sont aujourd'hui ouvertes au public, parmi lesquelles une salle des gardes, une chapelle, une salle de vénerie, des cuisines, une salle de bains, une lingerie, un cabinet de curiosités, la chambre de François de Chenu, une salle réservée aux ouvrages et un atelier d'artiste présentant aquarelles et dessins. De nombreux souvenirs de famille — ustensiles de cuisine, vaisselle, malles, vêtements d'époque, jouets, lingerie brodée — sont conservés dans leur environnement d'origine pour illustrer la vie d'une famille de la haute bourgeoisie au XIXe siècle.

Armoiries : pour les Chenu, d'or au chevron d'azur accompagné de trois hures de sanglier de sable défendues et allumées d'argent; pour les Clugny, d'azur à deux clefs d'or adossées et posées en pal, les anneaux en losange pommetés en entrelacés.

Liens externes