Origine et histoire du Château de Paluel
Le château de Paluel, situé à Saint-Vincent-le-Paluel en Périgord noir, dans le sud-est de la Dordogne, occupe un promontoire dominant le ruisseau Énéa dans le vallon de Sainte-Nathalène, à deux kilomètres en aval du bourg. Édifié au XVe siècle sur l'emplacement d'un bâtiment du XIIIe siècle, il présente un corps de logis flanqué de deux tours d'angle et d'une tour d'escalier centrale. À l'arrière, relié par un passage étroit, un donjon rectangulaire du XIIe siècle complète l'ensemble. Des mâchicoulis couronnent les tours et le corps de logis ; le donjon a conservé des mâchicoulis en bois avec remplissage de torchis. Le château est entouré d'une enceinte de courtines.
Au milieu du XVe siècle, un bâtard de la famille de Gimel hérita de la seigneurie de Paluel et, avec ses descendants, contribua à la construction du château. En 1600 la seigneurie passa à la famille de Durfort, puis en 1701 Antoine d'Aymeric acheta le domaine, alors abandonné depuis près d'un siècle ; ses descendants le possédaient encore au début du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, le prince Louis de Croÿ acquit Paluel et le château de Commarque, entièrement en ruine, pour s'en servir comme carrière de pierres afin de rénover Paluel ; il restaura toutefois le château et lui adjoignit une aile d'aspect néo-gothique ou Renaissance.
Inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1927, le château servit de décor pour quelques plans du film muet Le Capitaine Fracasse en 1928. Dans les années 1930, le prince de Croÿ autorisa le groupe la Cagoule à entreposer des armes dans les souterrains ; en 1942 il révéla ce stockage au juge de Sarlat et les armes, transférées au tribunal, finirent par servir la Résistance. L'édifice resta en bon état jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais il fut incendié le 28 juin 1944 par la colonne Wilde ; une stèle rappelle qu'à la base du château un jeune résistant fut tué lors de cet événement.
Après la guerre le château resta en ruines et la végétation prit le dessus ; il appartint ensuite au professeur Jean Lassner. Le site a servi de lieu de tournage à plusieurs reprises, notamment pour Le Tatoué en 1968 et À tout jamais en 1998, et des équipes de cinéma eurent recours à des façades factices pour masquer l'état intérieur du bâtiment. La découverte en 1980 d'un cadavre au fond du puits et la tempête de 1999 ont contribué à la détérioration du monument.
Après la mort de Jean Lassner en 2007, la propriété fut vendue ; en 2010 Kevin Cartledge nettoya et dégagea le site en vue d'une restauration, puis le château fut mis aux enchères en septembre 2017. Une tentative collective de rachat par l'association « Adopte un château » n'ayant pas réuni les fonds nécessaires, le château fut adjugé le 21 septembre 2017 à Étienne Cluzel pour 853 000 euros ; une surenchère ultérieure a été jugée irrecevable en décembre 2017. Depuis son acquisition, Étienne Cluzel a engagé des travaux de sauvegarde et envisage la remontée du donjon du XIIe siècle, en grande partie écroulé. En 2022 le château a été ouvert au public de juillet à septembre.