Origine et histoire du Château de Pennautier
Le château de Pennautier se situe sur la commune de Pennautier, dans l'Aude en Occitanie, à 5 km de Carcassonne et à 90 km de Toulouse. Ce domaine viticole important, inscrit aux monuments historiques, comprend le site inscrit le 10 mars 1972 et le château, y compris son décor intérieur, inscrit le 2 mars 1989. Surnommé « le Versailles du Languedoc », il doit sa réputation à son architecture et à l'étendue de son domaine. La terre de Pennautier fut acquise en 1580 par Bertrand de Reich, trésorier de la Bourse des États du Languedoc. L'édifice principal, construit en 1620 par la famille de Reich de Pennautier, est lié aux noms de Pierre-Louis de Reich et de Bernard de Reich qui en furent propriétaires au XVIIe siècle. En 1622 le jeune roi Louis XIII y séjourna et offrit un mobilier de voyage encore conservé dans la « chambre du Roi ». Pierre-Louis de Reich, homme de finance et mécène, développa la manufacture royale de Pennautier qui employa jusqu'à 2 000 ouvriers et produisit des draps à partir de la laine locale ; le château conserve des catalogues d'échantillons. Il entreprit aussi l'agrandissement du château et le dessin d'un parc à la française, travaux longtemps attribués aux architectes Le Vau et Le Nôtre. À sa mort, au début du XVIIIe siècle, le domaine passa aux neveux issus de la famille de Beynaguet, qui prit le nom de Beynaguet de Pennautier et le titre de courtoisie de marquis. Jacques de Beynaguet enrichit les collections du château, et son descendant Rodolphe, entre 1835 et 1850, comble la cour centrale, rénove les intérieurs — notamment par des sols mosaïqués à l'italienne — et redessine le parc à l'anglaise. Le domaine resta dans la famille jusqu'au XXe siècle ; la lignée directe de Beynaguet s'éteignit en 1971. En 1910 Paule de Pennautier épousa Christian de Lorgeril ; la famille de Lorgeril entreprit à partir de 1920 d'importantes rénovations et fit notamment supprimer l'avant-corps nord-est endommagé par un incendie. Côté parc, l'avant-corps central fut doté d'un fronton portant les armes des familles de Lorgeril et de Beynaguet de Pennautier. En août 1944, Christian de Lorgeril fut arrêté et gravement torturé ; selon un article paru en 1950 dans le journal L'Aube, il succomba cinquante-cinq jours plus tard des suites de ces sévices. La famille de Lorgeril mena une rénovation complète du château en 2010 et déposa près de quinze mètres linéaires d'archives aux archives départementales de l'Aude. Le château, redevenu un lieu d'accueil pour événements et séminaires, abrite aujourd'hui le siège des domaines et vignobles Lorgeril. Sur le plan architectural, le château présente un style Louis XIII et s'organise autour d'un corps central est-ouest flanqué au nord et au sud d'importants avant-corps. Aux XVIIIe et XIXe siècles furent ajoutées deux ailes basses de part et d'autre des avant-corps méridionaux, puis, au XIXe siècle, un corps central comblant l'espace entre ces avant-corps ; au XXe siècle l'avant-corps nord-est a été supprimé. À l'exception des ailes du XVIIIe siècle, qui n'ont qu'un rez-de-chaussée, l'édifice comprend un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage d'attique. À l'intérieur, la plupart des pièces s'ouvrent vers le sud et communiquent par des portes en enfilade ; les étages supérieurs regroupent chambres, antichambres, bibliothèque, bureau et cabinet, souvent lambrissés et dotés de parquets. En 1670, des travaux attribués à Le Vau comprennent l'élévation de deux ailes et l'installation d'une orangerie à l'est et d'une salle de bal à l'ouest, tandis que Le Nôtre est associé à l'aménagement du parc à la française sur plus de trente hectares. Les armes associées au château sont celles de la famille de Reich de Pennautier : d'azur, au trèfle d'argent, à la bande d'or brochante, au chef cousu de gueules chargé de trois bandes d'or ; de la famille de Beynaguet de Pennautier : d'argent à une canette de sable becquée et membrée de gueules nageant sur une mer de sinople, au chef cousu d'or chargé de trois losanges du même, devise Cara patria, carior libertas ; et de la famille de Lorgeril : de gueules au chevron d'argent chargé de cinq mouchetures d'hermine de sable et accompagné de trois molettes d'or. Pour approfondir l'histoire et l'architecture du lieu, on peut consulter notamment Jean-Luc Barde, Château de Pennautier, 400 ans en Languedoc (ouvrage édité par les Vignobles Lorgeril pour le 400e anniversaire, 2022), Claude Frégnac, Le Languedoc des châteaux : Pennautier (1976), et Bernard de Montgolfier, Dictionnaire des châteaux de France (1969).
