Origine et histoire du Château de Pernant
Château de Pernant
Le château de Pernant, souvent appelé à tort « Donjon de Pernant », est un fort médiéval de petite dimension qui domine la vallée depuis un promontoire au sud du village. Construit probablement au début du XIVe siècle en pierres de taille extraites des carrières souterraines voisines, il constitue la partie historique d’un domaine plus vaste consacré aujourd’hui à des activités culturelles et musicales. Le site s’élève sur un massif rocheux à l’arête du plateau, à environ soixante mètres au‑dessus du village, et offre une vue remarquable sur une vallée aux arbres protégés. Un fossé en « L » isolait autrefois le promontoire au nord et à l’ouest, dont la branche nord fut comblée au XVIIIe siècle ; il subsiste au sud un fossé‑carrière qui donne accès aux anciennes carrières transformées en dépendances souterraines pour l’élevage et désormais abandonnées. Ces galeries ont fourni la plupart des pierres utilisées pour la construction du château. À l’origine châtelet entouré de murailles et de tours, le bâtiment comprenait une porte fortifiée à un étage, un passage carrossable avec herse et pont‑levis et des chemins de ronde desservant la salle de la porte. Rehaussé en deux phases à partir de la seconde moitié du XIVe siècle, il devint une maison forte plus habitable et fit partie au XVe siècle d’un ensemble militaire plus étendu aujourd’hui disparu. Au XVIe siècle, le château perdit ses fonctions militaires pour devenir un château d’agrément : la porte fut comblée pour aménager des caves et une grande salle voûtée avec cheminée, un grenier et un logis Renaissance furent ajoutés, et une terrasse au sud remplaça les anciennes fortifications. Durant les XVIIe et XVIIIe siècles, des aménagements successifs et des percements intérieurs modifièrent les distributions ; au XIXe siècle, le domaine se spécialisa dans l’activité agricole et de nouvelles dépendances furent édifiées autour de la basse‑cour. En 1914 le château, encore habité, fut réquisitionné et les carrières servirent d’abri aux troupes ; il subit de faibles dommages jusqu’en 1917 avant d’être lourdement bombardé le 30 juillet 1918 pendant six heures, puis la vallée fut gazée le 31 juillet, ce qui ruina en grande partie le monument. Après la guerre, les propriétaires firent édifier un manoir sur le jardin avec les dommages de guerre ; le château, inscrit au titre des monuments historiques en 1927, ne fut pas restauré et le logis du XVIe siècle fut en grande partie démoli. Abandonné pendant le XXe siècle, l’édifice menaça d’effondrement à la fin des années 1980 et fit l’objet d’un conflit juridique au début des années 1990 ; une association de sauvegarde et la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons obtinrent le classement d’office en 2007. Le domaine fut vendu en 2011 ; l’acquéreur fit réaliser deux tranches de consolidation en 2012 et 2013 avec le concours de la DRAC et ouvrit le monument au public pour la première fois en 2012. Le propriétaire suivant, entré fin 2015, poursuit un projet de restauration visant à restituer l’état extérieur du châtelet et du logis et à développer des activités d’hébergement et culturelles. Des relevés architecturaux et des diagnostics, notamment sur les carrières souterraines, ont été entrepris pour préparer la restauration et permettre des visites du chantier. Les études historiques ont été enrichies par des relevés successifs et par un diagnostic scientifique réalisé lors des premières opérations de consolidation. Extérieurement, ce qui subsiste se rapproche de l’état du XVe siècle : un petit bâtiment rectangulaire en pierres de taille, flanqué de quatre tours rondes et d’une tour carrée, comportant deux étages avec de grandes salles et des cheminées. L’ancien passage carrossable au rez‑de‑chaussée a été transformé en vaste salle et cuisine, avec caves en demi‑enterré et grenier en entresol ; un escalier taillé dans le rocher relie ces espaces aux carrières souterraines. La cour d’honneur et l’ancienne basse‑cour ont été réunies et sont aujourd’hui entourées de corps de ferme ; le logis Renaissance a presque disparu, n’en subsistant que la grande cage d’escalier. Le château de Pernant demeure l’un des derniers témoins de l’architecture militaire du XIVe siècle dans l’Aisne, aux côtés d’autres donjons et châteaux du département, et son état actuel résulte d’une longue histoire de transformations, de destructions et de tentatives de sauvegarde et de restauration menées depuis le début du XXIe siècle.