Origine et histoire du Château de Peyrolles-en-Provence
Le château de Peyrolles-en-Provence, dit aussi château du roi René, se trouve à Peyrolles-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. D'un édifice antérieur à l'acquisition par l'archevêque d'Aix Gui de Fos en 1211, peu de choses sont connues, mais certains murs soigneusement équarris, notamment dans l'aile nord et dans le mur sud de la terrasse est, pourraient remonter à l'époque archiépiscopale ou au XIVe siècle ; ces murs présentent une épaisseur remarquable de 1,54 m. Le mur de soutènement nord, où s'ouvre la Grotte aux Palmiers, est peut-être également de la même période. Par échange en 1475, la seigneurie et le château entrent dans le domaine comtal du roi René d'Anjou, qui transforme la forteresse en résidence en procédant à voûtements, peintures, à l'établissement d'une galerie, d'un escalier en vis et à la commande de tapisseries ; la salle voûtée du rez-de-chaussée de l'aile nord, dite "cuisine du roi René", et les piédroits d'une cheminée monumentale de près de cinq mètres peuvent être des vestiges de cette période. Le domaine passe ensuite dans le domaine royal et reste possession de la couronne jusqu'au XVIIe siècle, étant parfois aliéné à des serviteurs. Les guerres du XVIe siècle laissent le château en mauvais état lorsque François-Marie de Caseneuve en prend possession en 1587 et entreprend des travaux d'aménagement du corps de logis nord. Les états et inventaires de la période font apparaître une forteresse de plan plutôt carré, avec le corps de logis au nord, une chapelle, des écuries au sud, et une cour correspondant à l'actuelle cour d'honneur, partiellement délimitée par des murs et une tour des prisons dotée d'un pigeonnier. En 1668, la seigneurie passe aux Forbin puis, en 1681, à Antoine de Laurens dont la famille transforme progressivement le château pour lui donner l'aspect qu'il conserve aujourd'hui. Antoine de Laurens, qui possède déjà un hôtel à Aix, entreprend d'aménager Peyrolles en demeure de plaisance, et il est possible que l'approfondissement de l'aile nord ait commencé avant 1704 malgré l'obstacle constitué par un gros rocher à l'ouest. Pierre I de Laurens poursuit l'agrandissement du corps de logis vers le nord et l'ouest, créant des pièces voûtées et une galerie au-dessus de la porte nord, tandis qu'Henri de Laurens, à partir de 1758, fait aménager une chapelle dans le corps de logis, édifier la terrasse orientale et entreprendre un retournement de l'axe du château vers l'ouest. Sous Pierre II de Laurens est conçu le plan urbanistique de la place triangulaire à l'ouest, et l'aile nord est vraisemblablement surélevée et sa façade unifiée. En 1778 la veuve de Pierre II, Marie-Marguerite de Laurens, lance une nouvelle phase de travaux avec l'architecte Esprit-Joseph Brun ; les deux pavillons de l'est sont élevés en 1778, le grand escalier en pierre de Bonnieux est construit en 1779, le portail et les nouvelles cuisines sont établis en 1780 et les façades sont crépies en 1784, avant que les travaux ne soient suspendus et que les éléments sculptés demeurent épannelés. Après la Révolution, Marie-Marguerite récupère le château en 1806, mais le domaine est démantelé après 1813 ; le château change plusieurs fois de mains au XIXe siècle et est divisé en lots. En 1863 la commune achète une partie importante de l'édifice, installe la mairie et des écoles dans le château et procède à des aménagements qui modifient façades et volumes, notamment dans l'aile sud et l'hémicycle ; la division de la terrasse est pour des cours de récréation, la création possible d'un escalier intérieur et l'établissement d'un garage au rez-de-chaussée de l'aile nord témoignent de ces transformations. Les écoles quittent progressivement le château à partir de 1956, les dernières classes étant transférées dans les années 1970. À partir de la fin du XXe siècle la commune engage des travaux de restauration, achète les propriétés situées dans l'enclos et remet en état les toitures et cheminées dans les années 1990 ; les terrasses sont débarrassées de constructions additionnelles, le balcon nord et le parapet sont restaurés dans les années 2010, l'éclairage extérieur refait dans les années 2020 et un programme de restauration conduit à une première tranche de travaux sur les toitures en 2023. Aujourd'hui le château abrite la mairie et des services municipaux, accueille concerts, spectacles et la foire du roi René qui se tient en avril. Le site fait l'objet d'une protection patrimoniale : l'entrée, la cour d'honneur et le grand escalier avec sa rampe ont été inscrits en 1942, le château dans son ensemble inscrit en 1986, et les façades et toitures, le portail, les terrasses nord et est avec leurs soubassements, la Grotte aux Palmiers, la fontaine de la terrasse est ainsi que le rez-de-chaussée et le premier étage de l'aile nord et du corps central ont été classés en 1991. De style classique, le château se compose d'un corps central et de deux ailes qui encadrent une vaste cour en U et s'organise selon deux axes : un axe ouest-est qui relie la rampe d'accès à la terrasse orientale ouvrant la perspective sur la vallée de la Durance vers Mirabeau, et un axe nord-sud historique reliant le village, d'anciens jardins et la Durance. L'accès principal s'effectue par une rampe élevée au XVIIIe siècle à travers un pâté de maisons et la muraille médiévale, laquelle aboutit à une place triangulaire bordée de maisons aux façades répondant à celles du château ; la rampe a conservé le nom de "Chemin-Neuf". Le grand portail, en demi-lune et d'ordre dorique, date de 1780 ; son couronnement et le fronton restent épannelés. La cour d'honneur, en pente, accentue l'effet de monumentalité ; elle est fermée en hémicycle par deux corps de bâtiments à arcades qui abritaient autrefois écuries et logements et qui ont été profondément modifiés depuis le XIXe siècle. Le corps central, dont la façade est animée par un avant-corps à pilastres et un fronton inachevé, n'a pas été destiné à l'habitation mais contient le grand escalier en pierre de Bonnieux avec sa vaste cage, un vestibule au rez-de-chaussée et un grand palier à l'étage. L'aile sud, sobre et sans décor, abritait cuisines et communs et s'appuie au sud sur un mur ancien marqué par des traces d'incendie et des archères, tandis que le mur qui ferme la terrasse est est probablement d'origine médiévale. L'aile nord constitue le logis seigneurial ; derrière sa façade discrète se distribuent appartements d'étage, salons, une petite galerie voûtée et une chapelle au rez-de-chaussée, avec une double orientation vers la cour et les terrasses qui permettait d'avoir des pièces fraîches au nord pour l'été et chaudes au sud pour l'hiver. Le décor conservé dans cette aile comprend quelques ferronneries anciennes, des manteaux de cheminées en marbre du XVIIIe siècle et un important décor de gypseries du même siècle qui orne des pièces au rez-de-chaussée et au premier étage donnant sur la terrasse est et sur le balcon nord. La terrasse orientale, soutenue par une rangée d'arcades et encadrée par deux pavilions, a été comblée pour devenir une grande cour de plain-pied ; elle conserve au mur méridional une fontaine monumentale décorée d'une statue probablement inspirée de la mort de Milon de Crotone et des vestiges des jardins qui s'étendaient vers les Taillons, parmi lesquels subsistent une maisonnette dite "maison du jardinier" et des murs de clôture. La terrasse nord, accessible depuis le "champ des Pommiers" par deux rampes partiellement ruinées, est bordée d'un parapet en pierre de taille ; l'étage de soubassement de l'aile nord s'y ouvre par une porte surmontée d'une trompe et d'un balcon, donnant accès à une petite galerie voûtée et aux pièces desservies depuis ce niveau, tandis qu'un grand balcon au premier étage compense la différence de profondeur entre les niveaux. À proximité immédiate, dans le rempart nord au pied du château, la Grotte aux Palmiers, accessible par une porte en arc brisé fermée par un portail en fer forgé, abrite une quinzaine d'empreintes fossiles de palmiers âgées d'environ 6,5 millions d'années ; l'une des marques de tronc mesure un mètre de diamètre pour deux mètres de haut, et la grotte, redécouverte en 1979, faisait jadis office de réserve alimentaire pour les habitants. Des visites guidées peuvent être organisées sur demande auprès du service tourisme.