Origine et histoire du Château de Pierrefonds
Le château de Pierrefonds, érigé sur la commune de Pierrefonds à la lisière sud‑est de la forêt de Compiègne, est un imposant château fort du XIVe siècle largement remanié au XIXe siècle. Un premier château bâti au XIIe siècle par la famille des Nivelon occupait déjà le site ; il passa ensuite dans le domaine royal sous Philippe Auguste et il n'en subsiste que des caves sous le logis du XIe siècle. En 1392 Louis d'Orléans reçoit Pierrefonds en apanage et lance, à partir de 1396, la reconstruction quasi totale de la forteresse ; le chantier, dirigé par le maître des œuvres Jean Lenoir et supervisé après la mort de Raymond du Temple par Jean Aubelet, ne sera toutefois jamais achevé après l'assassinat du duc en 1407. Placé sur l'axe entre les forêts de Compiègne et de Villers‑Cotterêts, le château commandait un passage stratégique et servait à surveiller les échanges entre domaines rivaux. Au début du XVe siècle Pierrefonds connaît occupations et combats : il est successivement tenu par des factions bourguignonnes et orléanistes, partiellement incendié en 1413, puis occupé après la défaite d'Azincourt et la captivité de Charles d'Orléans, avant de redevenir orléanais aux environs de 1436 et d'être réparé. Transmis ensuite à la Couronne, le château traverse la période troublée des guerres de fin de siècle et des premières années du XVIIe siècle, marquée par prises, rançons et négociations entre capitaines ligueurs et troupes étrangères. En 1617, après un siège mené par les troupes royales, le conseil du roi ordonne le démantèlement : les grosses tours sont faites sauter, les logements détruits, les planchers et charpentes incendiés et des saignées pratiquées dans les maçonneries. Abandonné au XVIIIe siècle, vendu comme bien national en 1798 puis racheté par Napoléon Ier en 1813, le site devient une « ruine romantique » au XIXe siècle et attire artistes et visiteurs ; un banquet y est donné par Louis‑Philippe en 1832. Sur demande de Napoléon III et sur la recommandation de Prosper Mérimée, Eugène Viollet‑le‑Duc entreprend en 1857 une restauration qui débute par la tour Hector en 1858 puis, à partir de 1862, évolue vers une reconstruction complète visant à faire du château une résidence impériale. Le chantier, financé en grande partie sur la liste civile de l'empereur, mobilise Viollet‑le‑Duc puis, après sa mort, son gendre Maurice Ouradou et Juste Lisch ; les travaux s'arrêtent définitivement en novembre 1885, laissant plusieurs décors inachevés. Viollet‑le‑Duc y privilégie la recréation : s'il restitue avec une grande connaissance l'architecture castrale du XIVe siècle, il invente aussi des intérieurs, mêle réminiscences médiévales et motifs Renaissance et introduit des éléments de son répertoire personnel. Il met en œuvre des procédés constructifs modernes pour son temps, généralisant l'usage du fer dans charpentes et planchers, recourant à des portails métalliques, à des couvertures d'ardoise posées au crochet et à un système de chauffage par calorifère. Classé au titre des monuments historiques dès 1862, le château est géré par le Centre des monuments nationaux. Au XXe et au XXIe siècle Pierrefonds conserve sa vocation muséale et touristique : des campagnes de restauration se succèdent et la plus récente, achevée en septembre 2024, a porté sur l'aile et la salle des Preuses — toitures, charpente métallique, façades, sculptures, décors peints, menuiseries et vitraux — tandis qu'une seconde phase de travaux de la salle des Preuses reste prévue. Depuis 2021 le château appartient au domaine national et certaines parties fermées au public sont accessibles lors de visites conférences sur réservation.
