Origine et histoire du Château de Pignerolle
Le domaine de Pignerolle, situé à Saint-Barthélemy-d'Anjou (Maine-et-Loire), appartient à la communauté urbaine Angers Loire Métropole. En 1509, le fief appartient à Louis Migo; en 1649 il est la propriété de François Éveilard, sieur de Seillon et de Pignerolle, magistrat et maire d'Angers de 1641 à 1643. Par mariage en 1655, la terre passe à la famille Avril qui la conserve jusqu'après la Révolution. François Avril de Pignerolle dirige vers 1675 l'Académie royale d'équitation d'Angers, fonction ensuite exercée par plusieurs membres de la famille qui reconstruisent l'académie en 1753. Au XVIIIe siècle, Marcel Avril entreprend en 1776 la construction d'une maison de plaisance sur les terres de Pignerolle. La Révolution met fin à cette quiétude : l'académie est fermée en 1792 et Marcel Avril est arrêté en 1793; il meurt en détention le 27 décembre 1793. Un inventaire des biens effectué après la Révolution montre un château meublé sans riche décor mais doté d'instruments de musique attestant de l'intérêt de la famille pour la musique. Le cadastre napoléonien de 1810 représente le château et décrit ses dépendances, les fossés d'eau qui l'entourent et un parc d'environ 140 hectares comprenant plusieurs fermes. En 1824 le domaine est vendu à Pierre-Antoine Blancler, qui dirige sa première restauration et aménage le château dans le style Premier Empire; il fait édifier les pavillons d'entrée et l'orangerie dont la première pierre est posée en 1831, puis confie la restauration du parc à André Leroy en 1828. Sous les Blancler, la propriété s'agrandit jusqu'à atteindre, selon les matrices cadastrales, 264 hectares. Après plusieurs transmissions familiales et ventes aux enchères à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le château est acquis en 1905 par Marie-Joseph Couderc de Saint-Chamant et son épouse, qui entreprennent d'importants travaux de rénovation intérieure. Pendant la Seconde Guerre mondiale le domaine sert d'état-major, d'accueil au gouvernement polonais en exil à partir du 2 décembre 1939, puis est réquisitionné par la Kriegsmarine en 1943 pour y installer un centre de communication et des bunkers; les forces allemandes quittent les lieux à la libération d'Angers en août 1944. Après la guerre, les baraquements laissés sur place forment une cité d'urgence qui accueille jusqu'à 1 000 personnes à partir de 1946, mais la dégradation et les incendies conduisent au départ des dernières familles le 31 juillet 1964. Le château est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 1er février 1961 ; l'inscription inclut le château, l'orangerie, les pavillons d'entrée avec leurs grilles, la fabrique demi-circulaire et une partie du parc. En 1964 la propriété est vendue au ministère des Armées, puis en 1969 le district urbain d'Angers achète le château et la partie classée du parc, l'armée conservant 25 hectares incluant les blockhaus. Des travaux de restauration urgents sont engagés entre 1971 et 1998, portant notamment sur charpentes, toitures, corniches et balustrades; ces campagnes ont été subventionnées par l'État. La réhabilitation intérieure menée à la fin des années 1980 permettant d'éliminer aménagements provisoires et éléments en béton aboutit à la mise en place d'installations de sécurité et à la restitution des décors, travaux achevés en septembre 1990. Le château accueille le musée européen de la communication à partir du 1er mai 1992 ; ce musée ferme définitivement le 31 décembre 2015. L'édifice de style néo-classique est l'œuvre de l'architecte Michel Bardoul de la Bigotière, avec la décoration du sculpteur Pierre-Louis David, et a parfois été qualifié de « petit Trianon angevin ». Le pavillon principal, de 25 mètres sur 17 et élevé sur deux niveaux, comporte sept travées sur les façades principales et cinq sur les côtés ; il s'ouvre au rez-de-chaussée par un perron couvert d'un péristyle à quatre colonnes cannelées d'ordre ionique, au-dessus desquelles trois bas-reliefs allégoriques sont conservés, le central représentant Apollon. L'orangerie, construite 55 ans après le château et d'environ 280 m², reprend les motifs architecturaux du logis avec grandes baies, colonnes lisses et chapiteaux ioniques; une construction semi-circulaire discrète adossée à sa façade arrière abrite cuisines et servitudes. Le parc associe un jardin à la française devant le perron — parterres de gazon bordés d'ifs taillés, parterres en carrés et boulingrin — et un jardin à l'anglaise parcouru d'allées cavalières; il conserve des décors de jardin, une fabrique remarquable et un potager d'un hectare créé par André Leroy, clos de murs. Parmi les dépendances subsiste une grande remise à toit Mansart aujourd'hui affectée à des expositions temporaires, tandis que les bunkers construits par les Allemands peuvent être visités avec l'Association du Mémorial des bunkers de Pignerolle.