Origine et histoire du Château de Poligné
Le château de Poligny, anciennement Poligné, situé à Forcé en Mayenne, est attesté sous diverses graphies datées de 1127 à 1627. Il se compose aujourd’hui d’une ferme et d’une maison de maître installées à 300 mètres au nord‑est du bourg. Seigneurie mouvante du comté du Maine, Poligny imposait au seigneur l’obligation de faire la garde au Pont‑Perrin au Mans avec ses hommes en temps de guerre. Vers 1400, le seigneur tenta d’établir une justice à trois piliers, geste contesté par le comte qui le réduisit d’abord au rang de simple vassal, mais ce titre de châtelain ne lui fut finalement plus contesté. Par la suite il obtint des prérogatives telles que le sceau des contrats, la justice à quatre piliers (1603), des garennes défendables « à poil et à plume » et la puissance d’édifier château, ponts‑levis et forteresse. En 1627 le domaine comprenait un château entouré de murs, granges, étables, jardins, mottes près de la cour, bois de haute futaie et chênaie, prairies, vignes, moulin, pêcheries et diverses terres mentionnées dans les archives. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle la cour de Poligné disposait de notaires et le seigneur conservait certains droits et obligations envers le comté de Laval. Peu de vestiges médiévaux subsistent : on note notamment la base d’une tour bastionnée attribuée au milieu du XVIe siècle. Le château actuel est en partie du XVIIIe siècle ; il a été remanié et agrandi au XIXe siècle par l’architecte Delavue. Une vaste chapelle funéraire souterraine aux murs revêtus de marbre blanc, contenant un groupe sculpté évoquant la mort, fut édifiée entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle ; elle a été inscrite au titre des monuments historiques en 1992. Le protestantisme, introduit à Poligné par la famille de Feschal vers 1560, transforma le lieu : de 1600 à 1648 Poligné fut un refuge pour l’Église protestante de Laval, disposant d’un cimetière complété par une donation en 1609. Les tensions religieuses se traduisirent par des décisions du Parlement de Paris en 1660 concernant des marques funèbres apposées en l’église du Cimetière‑Dieu, et à partir de 1660 les Protestants du comté de Laval durent abandonner Poligné pour ne plus exercer leur culte qu’à Terchant. La seigneurie a appartenu successivement à plusieurs familles et personnages documentés dans les archives locales — Ouvrouin, Mascon, Feschal, Montbourcher, Franquetot de Coigny, Colbert de Croissy, Duchemin — avant d’être acquise au début du XXe siècle par la famille de Waresquiel ; le domaine est actuellement la propriété d’Alexandra et Emmanuel de Waresquiel.