Origine et histoire du Château de Pont-Rilly
Le domaine du château de Pont-Rilly, situé dans le Cotentin sur la commune de Négreville (Manche), est une demeure des XVIe et XVIIIe siècles partiellement inscrite au titre des monuments historiques. Implanté au bout d'une avenue à 2,5 km au nord-nord-est de l'église Saint-Pierre de Négreville, le site s'appuie sur un domaine seigneurial médiéval. Un premier manoir avec chapelle fut construit à la fin du XVIe siècle par Richard Le Cesne, sieur de Négreville et Pont-Rilly ; Gilles de Gouberville signale dans son journal que ce manoir était en construction. Le 21 mars 1564, Richard Le Cesne avait acquis le fief, terres et seigneurie de Pont-Rilly de Roulland Le Parmentier et son épouse Charlotte Laguette, comprenant maisons, granges, étables, moulins à blé, étangs, prairies, terres labourables et bois, pour la somme de 4 000 livres tournois. Un second manoir, de style Louis XIII, sera ensuite édifié et doté d'un escalier à balustres. En 1663, Jacques Plessard vend la vavassorie noble de Pont-Rilly à Louis Berryer, qualifié d'âme damnée et prétendu bras droit de Colbert ; par échange, Louis Berryer la cède à la famille Scelles de Cybrantot, dont Françoise Scelles avait épousé Jean-François de La Houssaye d'Ourville en 1652, entraînant le passage de Pont-Rilly dans la famille de La Houssaye. En 1718 Charles-Adrien-Félix de La Houssaye obtient l'érection en marquisat de La Houssaye-Négreville, se qualifiant marquis d'Ourville ; son fils Hyacinthe-Paul-Charles, marquis d'Ourville, marié en 1739 à Ambroisine Doynel, fit transformer l'ancien manoir. À partir de 1765 l'architecte valognais Pierre-Raphaël Lozon conserve la structure d'origine, ajoute deux pavillons aux extrémités et un avant-corps central avec perron, puis les travaux sont poursuivis et achevés par l'architecte parisien Nicolas Durand, qui dresse également le plan de la basse-cour et des communs, y compris la chapelle, les remises, les écuries, la charretterie, les serres et l'infirmerie, travaux finis en 1774. Le château est abandonné après la mort du marquis La Houssaye d'Ourville en 1791. Durant l'été 1944, l'état-major américain chargé de la logistique installa au château son service ADSEC/COM Z pour environ un mois avant de gagner Paris libéré. La propriété fut ensuite délaissée et faillit être détruite au XXe siècle ; en 1982 Claude Brosselin, avec Jean-Jacques et Annick Roucheray, rachète le château en copropriété et le restaure en s'appuyant sur des archives d'environ un mètre cube comprenant plans et inventaire du mobilier. Le bâtiment présente un étage sur rez-de-chaussée surélevé, un avant-corps central surmonté d'un balcon en fer forgé, précédé d'un grand escalier et d'un perron, ainsi que deux pavillons en extrémité ; le fronton sud porte un écu armorié d'argent à trois feuilles de houx de sable chargées chacune d'une croix d'or, timbré d'une couronne de marquis. À l'intérieur, le petit salon est tendu d'une toile de Jouy reproduisant celle réalisée pour le voyage de Louis XVI à Cherbourg en 1786, d'après un cylindre d'impression conservé. Le parc, d'environ quinze hectares, est agrémenté d'un système hydraulique comprenant canaux, bief et moulin, et comprend également la boulangerie, les écuries et d'autres dépendances. Les façades et toitures du château, sa terrasse, le vestibule et la cage d'escalier, plusieurs salons et chambres avec leur décor, des cheminées et trumeaux, les façades et toitures du pavillon est, la chapelle, les remises, les écuries, la serre, le moulin et ses dépendances, la boulangerie, le colombier, les bâtiments de la ferme ainsi que l'avenue d'honneur, la cour d'honneur, la basse-cour et le parc ordonnancé avec ponts, canaux et décor architectural ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 26 juillet 1985. Le parc a par ailleurs été inscrit au pré-inventaire des jardins remarquables. Propriété privée, le château n'est pas ouvert au public ; des cottages ont cependant été aménagés dans d'anciens communs, notamment dans le moulin et la boulangerie.