Période
XVIIe siècle, 1er quart XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Grille d'entrée ; façades et toitures du château et des communs ; grande galerie et salon à plan tréflé avec leur décor dans l'aile basse à gauche et dans le pavillon qui la prolonge ; ancien parc ordonnancé (cad. 1979 A 840, 843, 845 à 850, 852, 855 à 869, 871, 872, 1200, 1201, 1469) : classement par arrêté du 14 décembre 1979 ; Les parties suivantes du château et de ses ouvrages bâtis dans le domaine de Pontchartrain : l'escalier et sa rampe sur les trois niveaux de l'aile Sud, les deux salons en totalité en enfilade au rez-de-chaussée de l'aile Sud dans la continuité de celui déjà protégé précédant la galerie, la chapelle en totalité et la sacristie hors œuvre, le jardin d'hiver en totalité, les façades et les toitures de la maison du gardien, de la maison du pêcheur, de la maison du jardinier et de l'orangerie, situés 4 route de Jouars sur les parcelles n° 85, n° 98, n° 73, n° 99, n° 108, figurant au cadastre section AR tel que figuré sur les plans annexés à l'arrêté : inscription par arrêté du 19 août 2021
Origine et histoire du Château de Pontchartrain
Le château de Pontchartrain, situé sur la commune de Jouars-Pontchartrain dans les Yvelines, s'étend en partie jusqu'à la commune du Tremblay-sur-Mauldre et se trouve au sud du bourg, le long de la route départementale 15. Un manoir est mentionné à cet emplacement dès le début du XIVe siècle, et des constructions successives donnent au domaine son plan actuel en U, avec un corps de logis central encadré par deux ailes et entouré de douves. Au XVIe siècle, l'ancien manoir semble avoir été délaissé pour une nouvelle demeure située à l'emplacement de l'aile gauche actuelle, tandis qu'une galerie a été aménagée entre les ailes entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Acquis à la fin du XVIe siècle par la famille de Buade, le domaine passa en 1609 dans la parenté des Phélypeaux, qui le conservèrent près de deux siècles. Louis Ier Phélypeaux fit édifier les principaux bâtiments entre 1633 et 1662 ; l'attribution de ces travaux à François Mansart n'est pas établie. Louis II Phélypeaux, devenu contrôleur des finances puis chancelier, fit intervenir François Romain et André Le Nôtre pour transformer le château et dessiner un parc en 1693, illustré par deux grandes vues peintes vers 1700 par Pierre‑Denis Martin. Le chancelier fit également transférer au château un buste de Paul Phélypeaux attribué à Francesco Bordoni, qui échappa ainsi aux fontes d'époque. Son fils Jérôme, secrétaire d'État à la Marine et à la Maison du Roi, fit modifier le corps de logis en 1738. À la mort de Jean‑Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas, en 1781, le domaine revint à sa nièce, puis fut séquestré pendant la Révolution avant d'être restitué à sa propriétaire.
En 1801 la duchesse de Brissac vendit Pontchartrain à Claude‑Xavier Carvillon des Tillières, qui transforma les jardins à la française en parc à l'anglaise avec le paysagiste Louis‑Martin Berthault. À sa mort en 1812, la propriété passa à sa fille Aimée, épouse de Rainulphe d'Osmond ; sous les d'Osmond, le château abrita artistes et collectionneurs, et une partie des collections fut dispersée aux enchères en 1884. En 1857 le comte Henckel von Donnersmarck acquit le domaine pour sa maîtresse, Esther Lachmann dite la Païva, qui fit restaurer et redécorer la demeure, remanier le parc et y introduire des essences rares. En 1888 le château fut vendu à Auguste Dreyfus et à son épouse dona Luisa González de Andia y Orbegoso, qui commandèrent des travaux d'agrandissement à l'architecte Émile Boeswillwald et firent retrouver au parc un tracé à la française confié à Achille Duchêne, en rappel des aménagements primitifs réalisés par Le Nôtre.
La famille Dreyfus conserva la propriété jusqu'en 1932, date à laquelle elle la vendit à la famille Lagasse, qui entreprit notamment l'ouverture d'un passage voûté au rez‑de‑chaussée du pavillon central. Au XXe siècle le domaine connut des menaces d'aménagement et de dégradation, et le château, ses dépendances, sa grille et son parc furent classés au titre des monuments historiques le 14 décembre 1979 ; un arrêté d'inscription du 19 août 2021 a étendu la protection à plusieurs éléments intérieurs et annexes. Vendue en 2019 à la société immobilière Azurel, la propriété fit l'objet d'un projet de transformation en logements conservant façades et décors intérieurs, projet qui suscita l'opposition de riverains et d'associations de défense du patrimoine. Le mobilier et de nombreux objets d'art conservés au château furent dispersés aux enchères en 2019, tandis qu'un reliquat d'archives et des plans anciens furent acquis par les archives départementales des Yvelines.
Architecturalement, le château conserve des ailes en brique et pierre reliées par des corps longs et trois pavillons, une chapelle et des communs élevés au début du XVIIIe siècle, ainsi qu'une galerie et des salons transformés au fil des campagnes de travaux. Deux vues de Pierre‑Denis Martin et divers plans anciens témoignent de l'ordonnance en double perspective du château et de ses jardins, organisés autour de parterres et d'une pièce d'eau alignée sur la façade. Le site a par ailleurs servi de décor à plusieurs films et téléfilms, parmi lesquels À Paris tous les deux (1958), Les Baratineurs (1965), Le Bossu (1997), Marie‑Antoinette (2006), Darling (2007) et Le Malade imaginaire (2008).