Origine et histoire du Château de Portes
Perché au col des Portes, à 577 mètres d'altitude, le château contrôle la voie de Regordane qui était empruntée par les pèlerins de Saint-Gilles et offre un large panorama du Mont Lozère jusqu'aux Alpes. Sa présence est attestée de façon sûre en 1177, tandis que d'autres sources évoquent une mention dès le XIe siècle ; l'origine exacte de la construction reste incertaine et pourrait correspondre à une évolution progressive d'un noyau défensif primitif. Propriété de la maison d'Anduze, il passa par succession à Guillaume de Châteauneuf-Randon avant d'être acquis au début du XIVe siècle par Raymond Guillaume de Budos, neveu du pape Clément V, qui entreprit vraisemblablement des travaux importants correspondant à la structure médiévale. Un descendant fit édifier la partie Renaissance et, entre ces deux campagnes, plusieurs aménagements intermédiaires furent réalisés. Le château fut complété et agrandi aux XVe et XVIe siècles ; il connut ensuite des transformations militaires importantes lors des Guerres de Religion, avec la création de glacis, d'une barbacane, de plates-formes d'artillerie et l'élévation du bastion sud‑est dans la seconde moitié du XVIe siècle. La seigneurie s'enrichit et fut élevée en vicomté puis en marquisat au début du XVIIe siècle ; la maison de Budos s'éteignit à la fin du XVIIe siècle et la propriété passa au Prince de Conti, puis fut cédée à Louis XVI au XVIIIe siècle. Nationalisé à la Révolution, le domaine changea plusieurs fois de mains avant d'être acquis en 1841 par la famille de La Vernède, qui fit procéder à des travaux de remise en état. L'exploitation intensive des mines de charbon au cours de la Première Guerre mondiale provoqua des effondrements du sous-sol, occasionnant des désordres sur le château et dans le village voisin ; le village fut évacué en 1929, rasé en 1933 et reconstruit de l'autre côté de la colline. Des comblements de galeries et cavités sous l'édifice, réalisés vers 1960, ont contribué à sa stabilisation, mais l'état de la partie médiévale restait préoccupant, suscitant la mobilisation des habitants en 1969 et la création en 1972 de l'association "Renaissance du Château de Portes" pour assurer sa sauvegarde. Le monument, classé au titre des monuments historiques en 1984 et nommé Ambassadeur du Parc national des Cévennes en 2011, appartient aujourd'hui aux héritiers de la famille Coquebert de Neuville. Le site illustre six siècles de techniques de construction fortifiée et doit son surnom de « vaisseau en Cévennes » à son éperon très aigu, incliné à 49 degrés, qui évoque la proue d'un navire. Le château se compose de deux corps distincts : le château vieux, organisé en quadrilatère irrégulier ceint de courtines et de tours, présente une façade ouest talutée percée par la porte principale défendue par un assommoir et une poterne, flanquée de deux tours rondes et protégée par une barbacane formant terrasses ; la cour d'honneur est bordée à l'ouest et au nord par des courtines élevées, dotées d'un chemin de ronde appuyé sur une galerie, tandis qu'au sud s'ouvre un corps de logis rectangulaire muni d'une galerie et que l'est est occupé par deux bâtiments accolés. Le château neuf, ou bâtiment Renaissance, domine l'angle sud‑est du vieux château ; il présente un plan en triangle très effilé jusqu'à son sommet, s'élève sur quatre niveaux couverts par une terrasse surmontée d'une tour de guet et de deux postes de garde, et est desservi par un escalier à vis du côté de l'éperon. La restauration conduite par l'association, affiliée à l'Union Rempart, repose en grande partie sur des chantiers bénévoles et des actions d'éducation populaire ; le château est ouvert au public du printemps à l'automne et accueille expositions, animations pédagogiques et événements culturels.