Origine et histoire du Château de Potelle
Le château de Potelle est un château-fort féodal situé dans la commune de Potelle (Nord) ; le château et sa chapelle, située à l'extérieur des douves, sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 19 janvier 1944. Ancienne place forte du Hainaut, il aurait été bâti vers 1290 par Willes (Gilles) de Mortagne, seigneur de Potelles, dont un fragment de pierre tombale subsiste dans la chapelle. Il figura parmi les chevaliers partis en 1326 en Angleterre soutenir la cause d'Isabelle de France et du futur Édouard III. Gilles II de Mortagne, dit de Potelles, fut écartelé à Mons en 1433 ; ses biens furent confisqués et les terres de Potelle passèrent, au terme des événements de cette année, à Antoine de Croÿ. Dès 1436, Potelle fut racheté par Jeanne de Hennin, sœur du supplicié. En 1491, Antoine de Mortagne vendit Potelles à Jean Carondelet, grand chancelier de Flandres et de Bourgogne, qui entreprit des restaurations ; il avait déjà acquis le château de Solre-sur-Sambre vers 1480. L'escalier en pierre bleue du XVe siècle porte les armes de Jean Carondelet. Son petit-fils Ferry Carondelet et son épouse Catherine d'Esnes transformèrent et embellirent l'édifice, notamment par l'ouverture d'une élégante galerie à arcades sur la cour arrière, dont une colonne porte la date de 1541 et leurs armoiries. Ferry Carondelet eut une carrière notable au service de Marguerite d'Autriche et un grand tombeau dans la cathédrale Saint-Jean de Besançon. Le château fut à plusieurs reprises dévasté et incendié par les guerres, mais il fut constamment rétabli sur ses anciennes murailles. En 1817, le chanoine de Carondelet fit restaurer le château puis le donna à sa nièce Eugénie Adélaïde de Carondelet, épouse de Jean-Philippe Fremin du Sartel. La robustesse de sa maçonnerie en grès taillé a permis de préserver l'essentiel de son caractère médiéval. Protégé par de très larges douves alimentées par des sources et traversées par la Rhonelle, son enceinte polygonale irrégulière, renforcée de tours cylindriques, conserve de gros murs extérieurs percés de nombreuses meurtrières bouchées et de fenêtres à meneaux. L'entrée, à l'origine précédée d'un pont-levis et défendue par une herse et un assommoir, est prise entre deux tours rondes percées de longues archères élargies ultérieurement pour l'usage des armes à feu. Les anciennes dépendances du fond de cour perdirent leur étage après l'incendie de 1640. La tour ronde attenante renferme une prison en cul-de-basse-fosse, accessible par un œil au centre de la voûte et munie de latrines donnant dans les douves sous le niveau de l'eau. Une petite tour en encorbellement, d'abord cylindrique puis quadrangulaire, se prolongeait par une haute guette détruite en 1793. La destruction de cette tour et de la galerie faisant face au corps de logis permit, au début du XVIIIe siècle, d'ouvrir plus largement la cour sur le parc. Le châtelet d'entrée, qui remonte aux XIIIe et XIVe siècles, pourrait succéder à un castrum existant dès 1203 ; il est encadré par deux tours en demi-cercle outrepassé et comprend un étage bas voûté percé d'embrasures à deux ouïes pour armes à feu. Les vestiges du dispositif défensif sont encore visibles : encoche pour le pont-levis, assommoir ouvert dans la voûte et rainures pour la herse ou la porte coulissante. Malgré la disparition des parties hautes crénelées, remplacées par une frise de brique et une toiture en ardoise, et l'ouverture de fenêtres dans la muraille, le château conserve son aspect de forteresse médiévale. Adossée au châtelet d'entrée, une loge repose sur un portique à trois arcades ouvert sur la cour ; deux chapiteaux portent les armes et cimier de Ferry de Carondelet (1515-1562) et de Catherine d'Esnes, ainsi que la date de 1541, probablement liée à la construction et proche de leur mariage de 1538. La chapelle, initialement située à l'extérieur de l'enceinte de l'autre côté de la route et régulièrement pillée, fut déplacée en 1519 par Charles de Carondelet à l'intérieur de l'enceinte et consacrée à saint Nicolas par son frère Jean de Carondelet, archevêque de Palerme. Une statuette du saint patron surmonte l'entrée. La chapelle abrite une rare poutre de gloire sculptée et polychrome représentant les personnages de la Passion en bois, datée du XVIIe siècle et classée monument historique depuis le 12 juillet 1971. On y conserve également un fragment de la pierre tombale de Willes de Mortagne portant une inscription.