Origine et histoire du Château de Pourtalès
Le château de Pourtalès (en alsacien : 's Renouards Guet) se dresse dans le parc du même nom, au nord‑est de la Robertsau, ancien faubourg maraîcher de Strasbourg. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 21 décembre 1984. Son premier propriétaire fut Joseph Guérault, entrepreneur des ouvrages du Roi et chargé notamment des fortifications de Strasbourg au XVIIIe siècle. En 1784, le baron de Coehorn en fit sa résidence principale. En 1802, le banquier et homme politique Athanase Paul Renouard de Bussierre acquiert la propriété; en 1844 son fils Alfred Renouard de Bussière y entreprend des transformations. Le château revient ensuite à Mélanie de Pourtalès (1836‑1914), épouse d’Edmond de Pourtalès‑Gorgier, qui le fait profondément transformer entre 1887 et 1902 par l’architecte Breffendille : réorganisation totale des intérieurs, adjonction d’un corps de bâtiment de style Louis XV accolé à l’aile droite et création de vastes dépendances. En 1897 elle aménage un deuxième étage mansardé, puis en 1907 une tourelle conçue par les architectes Berninger et Krafft pour y loger notamment une vaste bibliothèque. Durant l’annexion allemande consécutive au traité de Francfort, après la guerre franco‑allemande de 1870, Mélanie de Pourtalès fait du château une plaque tournante de la diplomatie et de la culture française, y recevant de nombreuses personnalités. Parmi ses hôtes figurent Napoléon III, le prince Klemens von Metternich, le roi Louis II de Bavière, l’empereur Guillaume II, le roi et la reine de Belgique, le prince de Galles, le prince Napoléon, Franz Liszt, Albert Schweitzer et Léon Bakst. Le parc à l’anglaise accueille des représentations, notamment Les Folies amoureuses de Jean‑François Regnard en 1911. À la mort de la comtesse Mélanie, sa fille cadette Agnès, marquise de Loÿs‑Chandieu, hérite du château et y reçoit de grandes personnalités littéraires et politiques telles que Joseph Joffre, Lyautey, Réjane, Anna de Noailles, Louis de Broglie, François Mauriac et André Maurois. En 1929, le château échoit à la fille cadette d’Agnès, Madame Maurice Bérard, qui le ferme définitivement en 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, il abrite le Collège de l’Europe libre, fondé en 1951 par la CIA américaine pour former des cadres en vue de la reconquête des pays de l’Est. Plus tard abandonné, il est racheté en 1972 par le Dr Walter Leibrecht, qui le rénove et en fait l’un des campus de la Schiller International University, tandis que le parc, acquis par la Ville de Strasbourg, est ouvert au public. En juillet 2001, la chute d’un platane lors d’un spectacle en plein air dans le parc provoque la mort accidentelle de treize spectateurs. Un hôtel occupe aujourd’hui les anciennes écuries du château. Le parc, d’une superficie de 24 hectares, comprend divers bâtiments et aménagements tels qu’un pont de jardin, une maison, une ferme, une clôture de jardin, une serre, une conciergerie, un pigeonnier, une fontaine, une allée, un portail, une passerelle et deux anciens étangs. La ferme Bussierre, ancienne dépendance du domaine, abrite maintenant les services des espaces verts de la ville de Strasbourg ainsi que le Centre d’initiation à la nature et à l’environnement de Bussierre.
