Origine et histoire du Château de Prat
Le château de Prat se dresse sur un piton d'ophite, au nord du village de Prat-Bonrepaux dans l'Ariège, à la confluence du Salat et de la Gouarège, à 380 m d'altitude. Sa position dominante en fait, depuis l'Antiquité, un avant-poste et un poste de vigie sur un axe de passage majeur, attesté par la trace d'une voie romaine. Le site pourrait avoir été occupé dès l'époque romaine : une cour intérieure dont le sol est recouvert de mosaïques romaines laisse envisager la présence d'un oppidum. La seigneurie est mentionnée dans un acte de 1273 et appartenait aux comtes de Comminges, qui la possédèrent de 1139 à 1312 ; le premier acte faisant référence à une forteresse date de 1268. Ouvrage défensif du début du XVe siècle, le château comporte deux enceintes circulaires. L'entrée, au sud‑ouest, s'ouvre dans une tour carrée crêtée de mâchicoulis et donne accès de plain‑pied à une cour. De cette cour part un escalier de pierre qui mène à une seconde terrasse aménagée en jardin et permet, en surplomb de cinq à six mètres, d'accéder à la cour haute, autrefois entourée d'un rempart crénelé. Le logis principal date du XVe siècle ; une aile neuve, réalisée au XIXe siècle dans le style néo‑renaissant, lui a été adjointe. La tour d'escalier centrale mêle des éléments renaissants et néo‑renaissants. À l'intérieur, deux chambres à alcôves conservent des gypseries du XVIIIe siècle et la chapelle présente un vitrail de Louis‑Victor Gesta. Entre 1529 et 1543, l'évêque Jean II de Mauléon transforma progressivement la forteresse en château de la Renaissance : il fit réduire les défenses extérieures, raser des tours et supprimer des loges situées au second étage de la première enceinte, à l'emplacement de la serre dite Napoléon III. Dans le corps de logis, il fit ouvrir deux grandes fenêtres sur le grand salon et la salle à manger, avec des meneaux sculptés et des larmiers dans le style toulousain du XVIe siècle, ornés de sirènes, d'aigles, de chimères, de dragons, de singes et de salamandres. Il remplaça la porte d'entrée de la tour d'escalier par la porte dite François Ier, richement sculptée ; sur le fronton intérieur d'une fenêtre classée du XVIe siècle il fit graver la maxime Nondum venit hora mea, signée VBP, et sur la pierre d'encadrement gauche la signature Vivo Mau, attribuée à Mauléon. À l'extérieur, la pierre d'encadrement porte ses armes, un lion debout, accompagnées de la crosse et de la mitre d'évêque, et deux têtes humaines soutiendraient la base de la fenêtre. Le château appartint à la maison de Mauléon de 1370 à 1611, puis passa aux barons de Montpezat ; en 1631 il revint à François Le Fol de Garaud, baron de Montesquieu. En 1788 la baronnie de Montesquieu‑Avantès transmit la propriété à Aimé de Roquemaurel, qui en était le propriétaire à la Révolution. De 1802 à 1907, le comte Étienne de Nouaillan, avec la vicomtesse de Saporla, fit apporter des aménagements modernes pour l'époque — eau, électricité, chauffage — et restaura notamment l'escalier à vis, le grand salon et la chambre Louis XV. En 1907 le château passa aux comtes d'Avancourt, qui le laissèrent se dégrader par manque de moyens, et il changea encore de propriétaires à la fin du XXe et au début du XXIe siècle. Le château est une propriété privée qui ne se visite pas. Il fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 14 octobre 1997.