Château de Prény en Meurthe-et-Moselle

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Prény

  • 2 Rue du Château
  • 54530 Prény
Château de Prény
Château de Prény
Château de Prény
Château de Prény
Château de Prény
Château de Prény
Crédit photo : François BERNARDIN - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété privée

Période

Moyen Age, XIVe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

Les ruines du château : classement par liste de 1862 - L'ancien corps de garde en totalité, y compris les sous-sols (cad. D 649) : inscription par arrêté du 16 juillet 2001

Origine et histoire du Château de Prény

Les intérieurs du château conservent pour l’essentiel leur organisation d’origine médiévale, avec des cheminées des XIVe–XVe siècles, des baies géminées et, vraisemblablement du début du XVIIe siècle, une cage d’escalier à mur noyau ainsi que l’aménagement de la grande salle nord-ouest du rez-de-chaussée dotée d’une cheminée monumentale ; des souterrains sont également présents. Le château de Prény, ancien château fort français d’origine obscure, constituait la dernière forteresse des ducs de Lorraine face aux évêques de Metz et se trouvait à proximité des châteaux de Dieulouard et de Mousson. Il est classé au titre des monuments historiques depuis 1862 et le corps de garde a fait l’objet d’une inscription en 2001.

Érigé sur des terres de l’abbaye de Saint-Pierre-aux-Nonnains dont le duc de Lorraine devint l’avoué, le premier château fut d’abord confié à des fidèles de la dynastie lorraine, les de Conflans puis les de Prény, et devint au XIIe siècle la résidence principale des ducs de Lorraine jusqu’à leur installation à Nancy en 1298. Alors que Mathieu Ier de Lorraine séjournait à Prény, le château fut assiégé par Étienne de Bar ; en 1207 il fut pris et partiellement détruit par le comte de Bar Thiébaut Ier puis reconstruit. La forteresse, chef-d’œuvre d’architecture militaire médiévale, demeura pratiquement imprenable jusqu’à l’apparition de l’artillerie : en 1262 elle résista cinq mois à un siège des troupes de Thiébaut II, et de graves affrontements eurent lieu sous ses murs en septembre 1266. En 1286 la défense conduite par Milon de Vandières entra dans la tradition populaire sous le nom du « cavalier noir » ; en 1290 l’évêque Bouchard d’Avesne dut renoncer et signer la paix le jour de la Saint-Barthélemy.

L’union des duchés de Bar et de Lorraine au XVe siècle sous René Ier d’Anjou réduisit l’importance stratégique du site et alourdit son entretien, source de difficultés financières pour la principauté. Le château fut à plusieurs reprises occupé comme gage politique ou militaire : en 1437 par une garnison bourguignonne à titre de garantie pour une rançon, puis en 1474 pour assurer le passage de Charles le Téméraire ; le jeune duc René II fit reprendre Prény par Gérard d’Avillers, et en 1477 la forteresse n’eut pas à subir d’attaque directe. Une déclaration de 1573 confirme la haute justice du duc sur Regniéville et institue pour prévôt l’officier du château de Prény.

En 1632 les troupes françaises occupèrent le château et, craignant que les places lorraines ne servent de points d’appui au duc Charles IV, Richelieu ordonna le démantèlement de la forteresse en 1636, après quoi elle perdit sa fonction militaire. Confisqué comme bien national pendant la Révolution française, le château fut vendu aux enchères le 7 novembre 1797 à un bourgeois de Nancy. Classé en 1862, il fut réutilisé pendant la Première Guerre mondiale par l’occupant allemand qui l’intégra à un système défensif agrémenté de blockhaus, et de nombreuses parties furent détruites lors des combats opposant armées allemande et américaine de septembre à novembre 1918. Des travaux de consolidation de la tour du Magasin aux armes furent entrepris en 1937–1938 à la demande du ministère de l’Éducation nationale et des Beaux‑arts.

Reconstruit après 1207, l’enceinte couvrait près de trois hectares et mesurait, hors fossés, environ 170 mètres du nord au sud et 185 mètres d’est en ouest. L’accès exigeait de franchir successivement des haies épineuses et une rangée de rochers, puis un fossé et l’enceinte, un second fossé au pied du donjon, encore une enceinte et enfin la tour Mandeguerre, qui formait un donjon dans le donjon et s’élevait à quelque 70 mètres. Cet ensemble fut considéré comme quasiment imprenable sauf par un siège destiné à affamer la garnison, mais la place disposait de puits, caves et greniers et les souterrains permettaient, le cas échéant, de gagner les fossés.

Malgré l’apparition de l’artillerie, aucune armée ne parvint à prendre la forteresse par la force et le château possédait lui‑même des bouches à feu ; en 1617 et 1634 l’arsenal comprenait neuf pièces d’artillerie, dont deux longues pièces de fer montées sur roues, deux pièces moyennes de fonte aux affûts dégradés, ainsi que plusieurs fauconneaux et arquebuses, et des munitions et poudres en quantité importante, certainement entreposées dans la tour du Magasin aux armes. Le circuit d’entrée se déroulait depuis l’ouest sur un pont gardé par la première tour du Petit‑Huix, encadrée par une tour du Petit‑Huix au nord et la tour de l’Abbé au sud, puis par le grand boulevard du bail protégé au nord par une enceinte ponctuée de la tour d’Enfer et au sud par la Grosse muraille, jusqu’au Demy‑rond et à la Grande Porte aux champs défendue par des murs percés d’arbalétrières.

À l’intérieur, les bâtiments du Grand corps de garde, de l’Artillerie et la chapelle étaient adossés à la Grosse muraille, la maison seigneuriale faisait face à la tour du Colombier, et la façade occidentale était renforcée du nord au sud par les tours de l’Abbé, du Colombier, la Petite tour dite « la Sentinelle » et la tour Malgalle, cette dernière devant son nom à une famille de maçons à qui le duc René avait accordé l’usage d’un four à chaux. La tour du Haut‑toit surveillait la Petite porte sur le grand fossé, le rempart sud était défendu par la tour basse de la Pouilleuse et au sud‑est par la tour de la Héville, dont la garde avait sans doute été confiée à Jehan de La Héville.

Le donjon s’atteignait par deux portes, la Porte basse au sud et la Porterie au nord, accessible par un petit pont réparé en 1504 par les maçons et charpentiers de Prény, et sa façade ouest était protégée par le fossé du donjon. La tour Mandeguerre, maître‑tour du XIIe siècle, était construite sur plan heptagonal avec un éperon triangulaire et portait une grosse cloche servant à « mander la guerre » lorsque les guetteurs signalaient l’arrivée d’un ennemi ; elle était flanquée de tourelles et complétée au nord par la tour du Magasin aux armes, au nord‑est par la tour de la Charbonnière et au sud par la tour des Moynes, dont deux étages servaient au XVIe siècle de prisons haute et basse. Ces constructions, qui s’étalèrent du XIIe au XVIIe siècle, restèrent jusqu’au démantèlement de 1636 un symbole de la souveraineté du duc de Lorraine, et le cri de guerre « Priny ! » est attesté dans le Tournoi de Chauvency de 1285 par Jacques Bretel.

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