Origine et histoire du Château de Promery
Le château de Promery (également écrit Proméry, Premery ou Preméry) est une ancienne maison forte située sur la commune de Pringy, en Haute-Savoie. Sa datation courante le situe au XIVe siècle, mais son origine demeure incertaine et pourrait être antérieure : cette hypothèse repose sur l'emploi de cailloux liés au mortier dans les fondations, caractéristique des maisons fortes des XIIIe–XIVe siècles. Les formes du nom varient selon les sources ; Alexis Calliès note que « Proméry » apparaît dans les actes publics tandis que « Preméry » domine dans les correspondances privées. Implanté sur les contreforts sud de la colline de Cuvat, en rive droite du Viéran, le château se trouve à 1,5 km au nord-nord-est du bourg de Pringy et à 7 km d'Annecy, en vis‑à‑vis du château de Monthoux.
Les premiers propriétaires mentionnés sont la famille Trombert, issue des marquis de Cruseilles et des sires de Vongy, puis la maison passa aux Monthoux. La première mention connue date du début du XIVe siècle, lorsque Pierre de Monthoux qualifie sa résidence de « maison forte de Promery ». Restée dans la famille jusqu'en 1578, elle formait une branche cadette des Monthoux. Par la suite le domaine passa aux Menthon-Lonay selon certaines sources, et Humbert de Menthon-Lonay la vendit finalement à René Favre, seigneur de la Valbonne, au prix mentionné dans l'acte de vente.
René Favre acquit la maison forte le 22 novembre 1618 et effectua d’importants aménagements ; il céda par ailleurs certains droits, notamment la juridiction du Villaret en 1622, mais des litiges de juridiction entre Promery et Monthoux furent tranchés par des décisions du Sénat de Savoie en 1627 et 1707, qui placèrent Promery sous la juridiction de Monthoux. La famille Favre utilisa le lieu comme maison de campagne et René Favre le légua à son fils Gabriel Philibert en imposant la donation de 2 500 livres pour la chapelle de Promery, somme versée deux ans après son décès le 28 septembre 1656.
La succession de Gabriel Philibert, décédé le 12 septembre 1693 sans testament, donna lieu à de longues contestations entre héritiers. Après diverses décisions et procédures, le Sénat de Savoie rendit plusieurs arrêts successifs, et la propriété fit l’objet d’attributions contradictoires avant qu’un arrêt de 1772 n’accorde définitivement le domaine à Marie de Villaret. Par alliance et héritage le château entra ensuite dans la famille de La Grange, qui le conserva jusqu’à l’invasion du duché de Savoie en 1792.
Pendant la Révolution le marquis de La Grange émigra, le château fut confisqué et vendu comme bien national le 14 juillet 1796 ; les actes indiquent alors qu’il appartenait à Marie Antoine de La Place. Acquis par M. Delatte d’Annecy pour 16 662 livres, il fut revendu en 1813 à Mme de Lagrange, puis transmis ou vendu à différentes familles au cours du XIXe siècle, avant d’être racheté en 1875 par Frédéric‑Raymond de La Grange. Le château a ensuite été incendié et laissé en ruines, puis revendu et entièrement restauré par une famille propriétaire.
Inscrit partiellement au titre des monuments historiques par arrêté du 20 juillet 1951, l’édifice est décrit comme « plutôt résidence seigneuriale que château féodal ». Il se présente sous la forme d’une enceinte quadrangulaire renfermant un corps de logis de trois étages sur rez-de-chaussée, couvert d’un toit élevé à pans coupés, et flanqué de trois avant-corps simulant des tours. La cour s’ouvre sur une porte datée « 1626 » encadrée de deux tours ; sur les murs intérieurs et extérieurs figurent vingt-quatre inscriptions ornées et la tour ouest conserve plusieurs peintures. On peut encore y voir des portraits, notamment du président Favre, de René Favre, de Marie de Villaret, d’Hyéronime de Laplace et de Vaugelas. Une terrasse édifiée au début du XVIIe siècle par René Favre, encadrée de deux petites tours, domine le versant sud, et l’un des portails du jardin porte la date « 1626 », l’écusson de la famille Favre et une inscription de bienvenue. Les façades, les toitures et deux porteries font l’objet de l’inscription aux monuments historiques.