Origine et histoire du Château de Quemigny-sur-Seine
Le château de Quemigny-sur-Seine se situe sur la RD 101D, à l'est du chef‑lieu, à côté de l'église en fond de vallée, dans le département de la Côte‑d'Or. Le fief de Quemigny, attesté depuis le XIIIe siècle, appartient au Duesmois, une région conquise au début du XIIe siècle par les premiers ducs de Bourgogne de la lignée capétienne. Il disposait d'un petit château fort réuni au domaine ducal en 1300 ; de cette époque subsiste un grand donjon carré daté du XIIIe ou du XIVe siècle. Lié à la forteresse de Duesme, Quemigny a pu servir de poste avancé. Deux descriptions anciennes montrent l'apparence du château avant les reconstructions du XVIIIe siècle : en 1495 une tour entourée d'eau avec pont‑levis, un corps de maison, des dépendances et une grange, et en 1584 une tour carrée en pierres de taille, un corps de logis ancien avec cuisine et écuries, et une petite tour demi‑ronde. Le domaine a été acheté en 1743 par Louis Bichot Morel de Corberon, qui entreprit la reconstruction à partir de 1749 et déclara en 1750 avoir fait abattre l'ancien château pour en bâtir un nouveau appuyé contre la tour dont la carcasse était alors achevée. L'architecte n'est pas connu, mais plusieurs éléments laissent supposer Claude‑Louis d'Aviler. Corberon revendit la propriété en 1757 à Louis de Guénichon, propriétaire à la Révolution ; ses biens furent séquestrés après l'inscription de ses fils sur la liste des émigrés en 1794, et l'inventaire dressé à cette occasion décrit avec précision l'agencement et le contenu du château. Cet inventaire montre qu'en dehors de remaniements partiels du premier étage au XIXe siècle, la majeure partie du château a conservé ses dispositions d'origine. Par alliances, Quemigny passa ensuite aux familles Bruère de Rocheprise, Rémond de Montmort et Virieu ; la marquise de Montmort, venue s'installer à Quemigny, fit de nombreux aménagements pour améliorer le confort, parfois au détriment des décors anciens, et les Virieu vendirent la propriété peu après le décès de la marquise en 1870. En 1880 l'abbé Perny acheta le château et procéda à de nombreuses modifications intérieures et extérieures, notamment en aménageant les derniers étages du donjon pour y loger domestiques et hôtes estivaux ; la propriété resta dans sa famille jusqu'aux années précédant la Seconde Guerre mondiale, puis changea plusieurs fois de mains avant d'appartenir aux propriétaires actuels. Le château est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 13 octobre 1975 pour sa façade, ses toitures, les communs, deux tours rondes, son escalier avec rampe en fer forgé et certains intérieurs. L'ensemble comprend une tour médiévale rectangulaire devant laquelle s'est édifié un petit château moderne encadré en façade par deux tours rondes indépendantes et deux corps de bâtiments perpendiculaires formant une cour ; seule une douve subsiste au pied de la façade ouest du donjon. La tour carrée, flanquée à l'est d'une tourelle d'escalier hors‑œuvre de plan carré, comporte un rez‑de‑chaussée, cinq étages — dont le troisième ouvert par une large croisée — et un étage de mâchicoulis dont seules les consoles subsistent ; elle est coiffée d'un toit à pavillon. La salle à manger, le salon voûté, le grand escalier, ainsi que le cabinet de travail, la cheminée et les boiseries de la tour de droite sont inscrits au titre des monuments historiques. Le château est privé et ne se visite pas.