Période
XVe siècle, milieu XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Le château : classement par arrêté du 23 février 1927 - Les façades et les toitures des communs ; le parc, avec ses allées, le saut-de-loup de l'entrée, avec les grilles et les alignements d'arbres de la route de Oisemont à Rambures ; les façades et les toitures de la chapelle dans le parc ; les façades et les toitures du bûcher (cad. E 17, 37, 39 à 41, 50, 60, 61, 451, 466, 469, 514) : inscription par arrêté du 17 juin 2003
Origine et histoire du Château de Rambures
Ensemble architectural issu du milieu du XVIIIe siècle, le domaine comprend des communs en U en brique et pierre situés à gauche du château, une chapelle néo-gothique édifiée en 1826 qui abrite les tombes de la famille La Roche-Fontenilles, un parc paysager dit « romantique » avec un arboretum planté au début du XIXe siècle et un séquoia rapporté d'Amérique, ainsi qu'un bûcher orné de claustra et de lambrequins datant de la fin du XIXe siècle. L'ensemble illustre l'évolution du domaine au fil des siècles et son adaptation aux goûts successifs.
La famille de Rambures, citée dès le XIIe siècle, est à l'origine du site. En 1346, Philippe VI autorise la fondation d'une chapelle dans « l'ostel » d'Enguerrand d'Airaines à Rambures. Le « chastel » apparaît parmi les places tenues par les Anglais dans le Ponthieu dès 1421, puis Henri VI d'Angleterre en fait donation en 1423 ; il est repris par les Français en 1431. André de Rambures retrouve possession du château après son retour de captivité en 1436.
La construction du château actuel s'étend de 1450 à la fin des années 1460. En 1472, Jacques de Rambures se soumet à Charles le Téméraire, qui place une garnison au château. La Ligue occupe l'édifice en 1585. Aux XVIe et XVIIe siècles ont lieu d'importantes transformations : suppression de fortifications et de la chapelle primitive, modification de la porte nord et installation d'un escalier monumental; au XVIIIe siècle, des pièces de réception sont aménagées au deuxième étage et de grandes baies percées, au prix d'un dommage porté aux mâchicoulis.
Lors de la Révolution, une perquisition menée par Marat reste sans effet. En 1840, le général de Fontenilles réalise des aménagements d'inspiration gothique au rez-de-chaussée, notamment dans la salle à manger et la salle des gardes. Le château, ancien château fort du XVe siècle démantelé au XVIIe siècle et restauré au XIXe, est présenté comme un chef-d'œuvre de l'architecture militaire médiévale tardive et fait partie des rares châteaux médiévaux subsistant dans le département.
De plan carré et construit en brique et pierre, le château féodal présente une architecture modulaire adaptée à la défense contre l'artillerie de l'époque : chaque angle est pourvu d'une tour ronde reliée à deux autres par des demi-tours, et les escaliers à vis occupent les angles intérieurs des tours. Les huit tours et demi-tours s'organisent, du sous-sol au deuxième étage, en vastes volumes intérieurs.
Les communs figurent déjà sur des plans du XVIIIe siècle ; la chapelle néogothique date de 1826 et le bûcher, remarquable par son décor, est daté de la fin du XIXe siècle. Le parc, labellisé jardin remarquable, a été aménagé à la fin du XVIIIe siècle puis réaménagé au XXe siècle ; il comprend un arboretum, un jardin botanique et une roseraie aménagée à l'emplacement de l'ancien potager.
Le château est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 23 février 1927 ; les façades et toitures des communs, le parc avec ses allées, le saut-de-loup de l'entrée avec ses grilles et les alignements d'arbres le long de la route d'Oisemont à Rambures, ainsi que la chapelle dans le parc, sont mentionnés dans ce classement. Les façades et toitures du bûcher ont été inscrites par arrêté du 17 juin 2003.
Situé sur la commune de Rambures, au sud d'Abbeville et à quelques kilomètres au nord de la vallée de la Bresle, le château s'inscrit dans une série de forteresses érigées le long de la vallée lorsque la région constituait une zone transfrontalière stratégique. On y accède par la départementale 928, les autoroutes A28 ou A29, ou par train via les gares d'Abbeville et de Blangy-sur-Bresle.
Le domaine passa des Rambures à la branche cadette puis, au XVIIe siècle, à la famille La Roche par le mariage de Charlotte de Rambures avec François de La Roche ; la seigneurie resta ensuite entre les mains des descendants de cette famille, qui portent notamment le nom de La Roche-Fontenilles.