Origine et histoire du Château de Ranrouët
Le château de Ranroët, en ruines, est une forteresse médiévale située à Herbignac, en Loire‑Atlantique, en bordure du marais de Brière qui lui servait de défense naturelle. Construit au XIIe siècle dans le duché de Bretagne pour protéger un nœud routier important, il a été aménagé progressivement jusqu’au XVIIe siècle puis abandonné en 1793. Le monument est inscrit aux monuments historiques depuis le 10 novembre 1925.
Trois grandes familles se sont succédé sur le site du XIIe au XVIIIe siècle. Vers 1125, les seigneurs d’Assérac y érigèrent une motte féodale ; Alain d’Assérac fit remplacer cette motte par un château de pierre dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Par alliance, Thibaud de Rochefort prit possession du domaine à la fin du XIIIe siècle et, au XIVe siècle, Guy de Rochefort adapta les défenses à l’essor de l’artillerie. Le château passa ensuite à la famille de Rieux au début du XVe siècle ; Jean II l’aménagea et Jean IV le fit reconstruire grâce au financement d’Anne de Bretagne après la destruction de 1488. Au XVIe siècle, Jean VIII de Rieux rejoignit la Ligue et fut pendu en 1593 ; le château passa alors sous contrôle royal et une garnison y fut établie, confiée le 30 décembre 1594 au capitaine Guillaume du Bouëxic, sieur du Teil. Après la guerre de la Ligue, le site accueillit des soldats sans solde qui pillèrent les environs, et en 1618 Louis XIII ordonna un démantèlement partiel. Jean IX de Rieux entreprit ensuite des travaux qui s’achevèrent vers 1639, mais la famille, ruinée, céda le domaine. En 1793, une armée républicaine venue de la presqu’île guérandaise incendia et détruisit le château, qui fut ensuite abandonné et utilisé comme carrière de pierres. En 1929 la fille de Gaston Ecomard et son mari Henri Menager achètèrent le site, consolidèrent les ruines et commencèrent des restaurations partielles ; leurs héritiers le vendirent au conseil général dans les années 1980 et le site fut acquis par le conseil général en 1989, puis ouvert au public.
Au XIIIe siècle, l’enceinte comportait six tours reliées par cinq courtines, surmontées de créneaux, de hourds puis de mâchicoulis, et les ouvertures des tours étaient des archères. Face aux menaces du XIVe siècle, Guy de Rochefort fit creuser des douves, établir un boulevard de défense circulaire, transformer des archères en canonnières et renforcer la barbacane. Le châtelet d’entrée, équipé d’un pont‑levis, donnait accès à un couloir étroit ne permettant le passage que d’un piéton à la fois. Jean IV de Rieux aménagea des murs de séparation dans la barbacane pour créer des espaces domestiques et fit édifier dans la cour un logis doté d’un escalier à palier, l’un des premiers de ce type en France. Des pierres à bossage, disposées en triangle ou selon la forme du «5» sur un dé, rappellent les armoiries des sires de Rieux et de Rochefort. Aux XVIe et XVIIe siècles, des bastions et un réseau en étoile permirent les tirs croisés ; la tour nord reçut une voûte au rez‑de‑chaussée et la tour nord‑ouest fut remaniée en espace résidentiel avec baies agrandies pour plus de clarté.
La mise en valeur du site a commencé dans les années 1970 et, depuis 1994, la mairie d’Herbignac y a pris part ; des fouilles ont mis au jour une cuisine pavée et une rigole d’évacuation des eaux. Le château se visite et accueille des animations pédagogiques.