Origine et histoire du Château de Richelieu
Le château de Richelieu, édifié au XVIIe siècle à l'initiative d'Armand Jean du Plessis, cardinal duc de Richelieu, est aujourd'hui en grande partie disparu ; le domaine se situe sur la commune de Richelieu, en Indre‑et‑Loire. Un premier château, dit de Richeloc, existe à la fin du XIIe siècle pour les seigneurs de Mauson ; une chapelle dédiée à Saint‑Nicolas‑de‑Myre est construite en 1201 et la mention d'un « Hostel de Richelieu » avec douves remonte à 1407, Charles VII autorisant par la suite sa fortification. Le vieux château est remanié à la fin du XVIe siècle puis, après l'acquisition du domaine par le futur cardinal en 1621, un important programme de reconstruction et d'urbanisme est engagé à partir de 1624 et amplifié autour de 1630. Jacques Lemercier conduit la réalisation du château et de la ville nouvelle conçue comme une « cité idéale », les maisons y étant vendues à des proches du cardinal pour établir une cour autour de la demeure ; la chapelle du château est conservée au moins jusqu'en 1639 et les travaux principaux sont achevés avant la mort du cardinal en 1642. L'architecture du château répondait à un plan carré : un corps de logis en U orné de pavillons rectangulaires aux angles, une hiérarchie des étages et des façades ornées de statues antiques, ainsi qu'une organisation de cours et de parterres répondant au prestige voulu par son commanditaire. À l'entrée se trouvait un grand hémicycle muni de pavillons et d'une porte centrale ; l'arc de ce pavillon d'accès supportait une statue de Louis XIII encadrée d'antiques, le dôme étant couronné par une figure de la Renommée ; la porte elle‑même était volontairement étroite. L'intérieur comprenait notamment, au niveau noble, une galerie décorée évoquant la vie d'Ulysse. Des travaux d'embellissement et d'aménagement des jardins sont menés au XVIIIe siècle par le maréchal de Richelieu avec l'intervention d'architectes et paysagistes de l'époque. Confisqué pendant la Révolution, le château est vidé de son mobilier et de nombreuses œuvres sont vendues ou attribuées à des musées ; la propriété subit ensuite des démolitions et pillages, phénomène auquel participèrent des spéculateurs surnommés la « Bande Noire ». Vers 1800, plusieurs éléments mobiliers et décoratifs sont sauvés et transférés dans des musées, notamment un plateau de marbre qui figure aujourd'hui au Louvre. Restitué en 1804 à la famille, le domaine est vendu en 1805 à un entrepreneur qui entreprend la démolition ; la destruction se prolonge au cours du XIXe siècle et est particulièrement importante jusqu'en 1835. En 1877, le banquier Michel Heine rachète le domaine, remet en état le parc et restaure le pavillon des communs ; une demeure de style néoclassique avait été élevée dans le parc en 1852 et sert ensuite de résidence. Après la démolition de l'aile Est vers 1900, seul le pavillon central des écuries subsiste, ainsi que des vestiges très restaurés comme l'hémicycle d'entrée, ses pavillons, la porte centrale, le pavillon dit « le Dôme », les douves et l'ancien pont d'accès à la cour d'honneur, ainsi que deux pavillons d'extrémité orientaux. La collection du cardinal a été dispersée : tableaux, sculptures et éléments décoratifs se trouvent aujourd'hui dans diverses institutions (Louvre, musées de Tours, d'Orléans, de Richelieu, de Poitiers et autres). Le domaine est légué à l'Université de Paris en 1930 et les éléments les plus remarquables sont classés monuments historiques par arrêté du 23 septembre 1930, protégeant notamment l'hémicycle d'entrée avec sa porte et ses pavillons, le pavillon dit le Dôme, les douves et le pont d'accès ainsi que deux pavillons de l'ancien hémicycle est. La ville de Richelieu, conçue en lien avec le château, est restée quasiment intacte et constitue un exemple remarquable d'urbanisme du XVIIe siècle. Des restitutions et reconstitutions virtuelles ont été réalisées et exposées au début du XXIe siècle, et une proposition de reconstruction virtuelle du château a été présentée au conseil municipal en 2017.