Château de Ripaille à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie

Crédit photo : Pymouss44 - Sous licence Creative Commons

Propriété privée ; propriété de la commune

Période

XIVe siècle, 1ère moitié XVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, 4e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Origine et histoire du Château de Ripaille

Le domaine de Ripaille, situé sur la commune de Thonon-les-Bains au bord du lac Léman, s'étend au nord de la ville et est bordé au nord par la marina de Port-Ripaille, à l'est par la zone industrielle de Vongy, au sud par l'agglomération de Thonon et à l'ouest par le lac. L'édifice tire son origine d'un ancien manoir, attribué par certaines sources à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, tandis que d'autres indiquent une construction à partir du milieu du XIVe siècle ; il apparaît d'abord comme un pavillon en bois sur soubassement de pierre, au cœur d'une réserve de chasse. Amédée V de Savoie y aurait séjourné en 1293 après le traité de Saint-Jean-de-Moirans. Bonne de Bourbon le fait agrandir entre 1371 et 1388 et le transforme en maison de plaisance ; son fils Amédée VII y meurt en 1391. Constamment remanié, le domaine accueille en 1410 le prieuré des augustins, auquel Amédée VIII cède sa maison et ses dépendances ; en 1417 le pape Martin V consacre le couvent sous le vocable de Notre-Dame et de Saint-Maurice, doté d'un revenu destiné à l'entretien d'un prieur et de quatorze religieux. En 1434 Amédée VIII s'y retire avec six compagnons, dont Louis de Chevelu, et contribue à la fondation de l'ordre de Saint-Maurice. L'invasion du Chablais par les Bernois en 1536 met fin au monastère augustin ; Emmanuel-Philibert relève ensuite le château en 1579 et en fait une place forte, travaux complétés par Charles-Emmanuel, avant que l'invasion genevoise de 1589 n'oblige la garnison à capituler et que les assaillants ne rasent l'enceinte et détruisent plusieurs bâtiments, puis soient chassés en 1590. En 1624 Charles-Emmanuel constitue la chartreuse de Ripaille en l'unissant au couvent de Vallon. À la Révolution, les chartreux quittent le monastère en 1793 pour la Suisse ; les bâtiments sont vendus comme biens nationaux en 1795 à M. Amand, puis passent à M. Tillot et enfin, en 1809, au général comte Pierre Louis Dupas. Acquis à la fin du XIXe siècle par Frédéric Engel-Gros, industriel mulhousien, le domaine est remanié : l'extérieur adopte un style Renaissance tandis que l'intérieur reçoit des décors Art nouveau. Son fils André Engel crée un arboretum planté en 1930, qui sera endommagé par la tempête de 1999. Les descendants Necker-Engel restent propriétaires d'une grande partie du domaine ; en 1976 Madame Harold Necker, avec l'aide des pouvoirs publics, crée la Fondation Ripaille pour conserver et mettre en valeur le patrimoine. Autour du château s'étend un important domaine viticole de 22 hectares produisant le vin blanc Le Ripaille, ainsi qu'une forêt de 53 hectares entretenue en partie avec la ville de Thonon-les-Bains. Le Monument des Justes parmi les nations de France, inauguré dans la clairière de Ripaille par le président Jacques Chirac le 2 novembre 1997 et situé entre la forêt et l'arboretum, commémore le courage de 2 740 Français ayant sauvé des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon une légende locale, l'expression « faire ripaille » viendrait des festins organisés par les ducs de Savoie sur ce domaine ; l'étymologie la plus probable relie toutefois le nom Ripaille au terme « rispe », désignant broussailles ou landes, en référence à l'état du terrain avant la construction. Le château a souvent été confondu avec le château de Thonon, détruit au XVIIe siècle et qui fut, de 1411 à la fin du XVe siècle, une des résidences principales de la maison de Savoie. Le château et plusieurs de ses éléments (pavillon d'entrée, tour Bonne de Bourbon, cellules des chartreux, bâtiments du prieuré, dépendances rurales, tours et bastions) ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêtés du 11 juillet 1942 et du 19 novembre 1991 ; l'arrêté d'inscription du 20 mars 2025 remplace ces dispositions et protège désormais l'ensemble du domaine et les édifices historiques bâtis sur ses parcelles. Sur le plan culturel, Ripaille a inspiré l'opéra Le Castel de Ripaille d'Henri Kling en 1875, une chanson intitulée Ripaille interprétée par Nicoletta en 1973, et a accueilli à plusieurs reprises la troupe locale « la Compagnie du Graal », qui y a joué diverses adaptations son et lumière et créations entre 2006 et 2015.

Liens externes

Le Château de Ripaille Wikipédia

Le Château de Ripaille sur le site du château

Château de Ripaille sur Monumentum