Origine et histoire du Château de Roberval
Domaine de Roberval.
Le château, essentiellement daté du XVIIIe siècle, doit son aspect actuel au prince de Soubise, Charles de Rohan, seigneur de Roberval. Il vend la terre, la seigneurie et le château en 1784 à Achille René Davène, seigneur de Fontaine, ancêtre de la branche Davène de Roberval. Les façades, les toitures, les décors intérieurs du vestibule d’honneur, du salon d’honneur, de la salle à manger et du grand salon, ainsi que le colombier et le parc, ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 13 juillet 1993. Charles de Rohan a donné au château ses façades classiques et fait décorer les intérieurs dans le style Louis XVI dans les années 1770‑1780. La hauteur des toitures laisse supposer la conservation d'éléments du château de la Renaissance, lié à l'empreinte de Jean‑François de La Rocque de Roberval, autre seigneur illustre qui fit aussi reconstruire l'église. Le bâtiment, un étage, se compose d'un corps central est‑ouest et d'un pavillon latéral occidental en saillie, dont la ligne de toit est perpendiculaire à celle du corps central. Les façades en pierre de taille blonde locale sont sobres et élégantes, les toits sont en ardoise et le toit du bâtiment principal est percé de deux lucarnes à frontons surbaissés et de petits œils‑de‑bœuf. Sept cheminées en brique rouge indiquent que l'ensemble des pièces était chauffé. La façade nord ouvre sur le potager et le vaste parc que le château domine, tandis que l'entrée sud, vers la place du château, se fait par une porte‑fenêtre sous un arc plein‑cintre contrastant avec les autres ouvertures rectangulaires. Le tympan est orné de bas‑reliefs, l'entrée est encadrée de colonnes doriques et de bossages, et surmontée d'une balustrade devant la fenêtre d'honneur ornée d'une guirlande. La décoration la plus emblématique est un fronton richement sculpté portant deux blasons, une couronne et deux cygnes. L'intérieur conserve un décor d'époque composé de corniches sur consoles à triglyphes, de frises à palmettes et guirlandes florales, de médaillons, de lambris peints en gris perle sculptés d'agrafes, de bouquets et de guirlandes, et de glaces encadrées de motifs végétaux; les trumeaux sont sculptés en vases. Ce décor s'inspirerait du Petit Trianon de Versailles.
Le parc, d'environ quarante hectares, est inscrit au titre des sites naturels depuis le 29 mars 1947 et au titre des monuments historiques depuis le 13 juillet 1993 et s'étend sur les communes de Roberval et de Rhuis. Une partie du parc a probablement été réaménagée vers 1760 par le prince de Soubise, qui serait également le commanditaire du potager à la française attribué à l'école de Le Nôtre. Selon le plan de l'époque, l'espace rectangulaire cerné par les anciennes douves, d'environ un hectare, était divisé en quatre parties régulières par des espaliers et des allées, chaque quartier étant lui‑même subdivisé en quatre rectangles allongés. Soubise conserva la perspective percée par Larocque sur quelque sept cents mètres dans le prolongement du château, à travers prés et bois en direction des collines de Rhuis; cette perspective est aujourd'hui disparue. Il fit également édifier un belvédère de style Louis XVI au sommet du Mont Catillon, en dehors du périmètre inscrit. La majeure partie du parc actuel, conçue à l'anglaise, serait postérieure et due à M. Davène de Fontaine après son achat en 1784 ; elle comprend rivière artificielle, prairies, bois, fontaines de rocaille, une pièce d'eau avec île aux peupliers, ponts et perspectives. On y remarque encore des arbres remarquables souvent centenaires, tels que tulipier de Virginie, thuya géant marcotté, cèdre du Liban, hêtre pourpre, marronnier et tilleul.
Un colombier est mentionné dès 1411 ; le colombier actuel conserve une salle médiévale octogonale voûtée d'ogives avec deux meurtrières, mais l'essentiel du bâtiment remonte à la Renaissance. Les frontons moulurés des lucarnes, triangulaire et en segment de cercle, permettent de situer la construction entre 1530 et 1560, période où Jean‑François de Larocque fut seigneur et fit reconstruire le colombier. La transition entre rez‑de‑chaussée et étage est marquée par un larmier couvert d'ardoises; l'étage comporte deux fenêtres d'envol au sud et à l'est et le toit est couvert de tuiles plates, sauf le clocheton couronné d'une petite sculpture en plomb représentant un pigeon posé sur une sphère à quatre visages, elle‑même montée sur un cube aux quatre visages. Le colombier est implanté à cheval sur le mur d'enceinte, au niveau de l'ancienne basse‑cour le long du chemin des Carrieuses.
La basse‑cour désigne à la fois l'ancienne ferme du château et le jardin potager situé sur le site du château médiéval entouré de douves; la ferme actuelle présente une architecture du XIXe siècle, la partie le long de la rue datant des années 1920, mais le nom de basse‑cour apparaît dans les documents de 1411 et 1416. Entre le château et la ferme subsistent des vestiges de la forteresse : la salle basse du colombier, cinq contreforts soutenant un mur conservé sur trente mètres, des fossés inondés d'environ dix mètres de large formant un rectangle de 90 par 110 mètres, un mur percé de deux archères orientées vers l'église Saint‑Rémi, de nombreux fragments de céramique médiévale et une excavation allongée d'origine artificielle. On a peut‑être prélevé cette terre pour construire une motte, et il est possible d'identifier ces fossés aux douves d'une ancienne forteresse de taille moyenne.