Château de Rocan à Chéhéry dans les Ardennes

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Rocan

  • Château Rocan
  • 08350 Chémery-Chéhéry
Château de Rocan
Château de Rocan
Château de Rocan
Crédit photo : HenriDavel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle, XVIIe siècle, XIXe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures du château et du pavillon d'entrée (cad. C 104) : inscription par arrêté du 23 février 1981

Origine et histoire du Château de Rocan

Le château de Rocan, situé à Chéhéry dans les Ardennes, est un château fort du XVIe siècle adossé à une colline et dominant la vallée de la Bar. Selon Suzanne Briet, « très peu de châteaux ardennais ont conservé leur aspect féodal au même degré que le rocailleux Rocan ». L'édifice comprend un puissant corps de logis carré de dix mètres de côté, flanqué de deux tours cylindriques opposées ; la partie principale et les tours présentent la même élévation sur trois niveaux. Un escalier installé dans la tour cylindrique arrière, vu depuis la vallée, dessert les trois étages. L'aspect fortement médiéval tient à la silhouette générale et aux maçonneries épaisses, parementées d'assises de grands blocs rectangulaires aux bossages rustiques. Des consoles subsistent au niveau de la corniche, vestiges d'une bretèche aujourd'hui disparue, et les tours sont percées de canonnières à ébrasement rectangulaire. Des photographies prises entre 1963 et quelques décennies plus tard témoignent d'un chantier de restauration particulièrement visible au niveau des ouvertures, rendu à leur forme originelle. Le château, isolé et adossé à un vallon boisé, offre une large vue sur la vallée de la Bar et sur la plaine de la Marfée, lieu de plusieurs batailles. Le poète Henri de Régnier décrivait le site en 1933 comme un château posé sur un plateau rocheux dominant un vaste horizon de collines et de forêts, en face des bois de la Marfée, avec le village de Chéhéry groupé autour de la vieille église. Construite par Raoul de Coucy, qui mourut en 1561, la seigneurie passa ensuite par la maison du Lys puis à la maison d'Escannevelle. En 1641, après la bataille de la Marfée, l'édifice fut pris d'assaut par les Impériaux alliés des Sedanais et occupé quelques jours par des troupes protestantes. Charles d'Escannevelle, seigneur de Rocan, mourut au château le 18 décembre 1739 et le légua à son cousin François IV de Régnier. En mars 1789, François IV de Régnier, retraité après quarante-trois ans de service, s'installa au château ; la même époque vit les habitants de la paroisse rédiger leurs cahiers de doléances, se plaignant des impôts, des dîmes, des tailles et d'un procès de vingt ans contre leur seigneur, et demandant que six notables puissent être armés pour défendre la paroisse contre les bêtes et les malfaiteurs. La commune suivit ensuite de loin les événements révolutionnaires nationaux. Au début de 1792, la situation était très tendue et Sedan reçut des renforts ; le 1er juin 1792, des coups de feu et des jets de pierres visant le château contraignirent la famille Régnier à fuir. Ils quittèrent un matin le domaine à pied et sans bagages, François de Régnier accompagné de son épouse et de leurs cinq enfants — l'aîné avait dix ans, le plus jeune trois ans, Charles François Henry, futur grand-père du poète Henri de Régnier — et, après avoir marché vers l'est, furent aidés par des moines de la Chartreuse du Mont-Dieu pour gagner la frontière. François de Régnier rejoignit ensuite le Luxembourg, l'Armée des Princes à Coblenz, puis, après la dissolution de cette armée, l'Autriche, où la famille vécut dans la misère. La commune prit acte de leur émigration et le château fut vendu comme bien national ; il changea de mains à plusieurs reprises, connut une première restauration en 1838 qui multiplia les fenêtres, puis une restauration engagée depuis 1973 plus fidèle à l'état initial. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1981.

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