Origine et histoire du Château de Rochebrune
Le château de Rochebrune, situé sur la commune d'Étagnac en Charente, occupe depuis la période féodale une position stratégique au carrefour des routes de Limoges, Angoulême et Niort. Une première tour fut élevée par Jourdain Ier avant son départ pour Jérusalem, où il mourut en 1099 ; les trois autres tours apparaissent un siècle plus tard. Les murs, épais d'environ deux mètres, sont percés de meurtrières dont les angles de vue cumulés évitent les zones mortes pour la défense. L’édifice se compose de trois ailes bâties autour d’une cour d’honneur, les angles étant flanqués de grosses tours cylindriques ; certaines de ces tours ont été attribuées aux XIe et XIIIe siècles, mais leur apparence actuelle se rapproche davantage du XVIe siècle. L’entrée se fait par un portail en plein cintre complété de deux petites portes.
Au fil des générations, les descendants de Jourdain Ier agrandirent le château pour lui donner son volume actuel. En 1561, à l’époque des guerres de Religion, Rochebrune passa à Blaise de Montesquiou dit Montluc, maréchal de France et fervent catholique ; le château formait alors, avec Chabanais et Confolens, un verrou défensif contre les troupes protestantes. Après l’incendie provoqué par les protestants en 1569, la belle-fille de Montluc rendit le château habitable en perçant les façades pour y ouvrir des fenêtres, alors que les murs ne supportaient auparavant qu’un chemin de ronde reliant les tours.
Par mariage, la seigneurie échut aux Escoubleau de Sourdis ; Angélique Charlotte d'Escoubleau de Sourdis épousa François-Gilbert Colbert, marquis de Saint-Pouange (1676-1719), et en 1702 la terre de Chabanais fut élevée au rang de marquisat. Ce sont les Colbert-Chabanais qui percèrent les grandes fenêtres destinées à rendre la demeure plus agréable ; au XVIIIe siècle, le pont-levis fut remplacé par l’actuel passage. En 1805, le comte Pierre Dupont de l'Étang acquit Rochebrune ; son petit-fils lègue ensuite la propriété à son cousin, le comte de Richemont, ancêtre du propriétaire actuel.
Architecturalement, les trois corps de bâtiments à étage forment un quadrilatère entouré de douves et coiffé de toitures à deux pans, tandis que les tours sont couvertes en poivrières. La quatrième aile qui fermait la cour a été démolie en 1808 et des fenêtres y ont été ouvertes ; les toits sont aujourd’hui couverts d’ardoises, remplaçant les tuiles plates d’origine. L’intérieur conserve un plafond peint daté de 1581 aux armes des Montluc et des Rochechouart. Les façades, les toitures du château et des communs ainsi que les douves ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 24 juin 1959. Le parc a été planté sous le Premier Empire.