Origine et histoire du Château de Rocheplatte
Le château de Rocheplatte, situé à Aulnay‑la‑Rivière (Loiret, Centre‑Val de Loire), occupe la face sud d'un plan carré féodal entouré de douves en eau et ceinturé d'un cordon de noblesse. Aux quatre angles subsistent quatre tours circulaires. Les salles souterraines datent du XIIIe siècle et le château présente des états aux XVe, XVIIe et au deuxième quart du XVIIIe siècle. Au XVe siècle, la forteresse, passée aux mains des Anglais, fut reprise par les Français puis entièrement incendiée. En 1726, l'ancien château fut démoli pour permettre la construction du bâtiment actuel sur la face sud du plan féodal. Un pont dormant, porté par trois arches en anse de panier, descend vers la cour d'honneur. Le logis se compose d'un bâtiment rectangulaire situé au fond de la cour et prolongé par deux ailes en retour. Au rez‑de‑chaussée, un fronton triangulaire de style Louis XV, supporté par deux larges pilastres, orne le corps central ; il est surmonté d'un pavillon et d'une lucarne de type Napoléon III. L'intérieur conserve une rampe d'escalier en fer forgé d'époque Louis XV, provenant d'un hôtel particulier parisien, ainsi qu'un salon et une grande chambre au premier étage ornés de boiseries de la même époque. Au milieu de l'avant‑cour se trouve un souterrain voûté à plan deux fois cruciforme : une nef centrale divisée en cinq travées sur croisées d'ogives et deux transepts, formant un plan en croix de Lorraine. Un puits situé au sud, du côté des douves, semble avoir servi d'entrée primitive. La seigneurie des Grèves appartenait aux seigneurs de Pithiviers et, à la fin du Xe siècle, faisait partie du domaine royal ; elle était proche des possessions de l'abbaye de Fleury et figurait parmi les forteresses de la Beauce tenues par des vassaux dont les moines se plaignaient. Avant la ruine qui força les Pithiviers à céder les Grèves, l'un de ses derniers visiteurs célèbres fut Gilles de Rais, dit "Barbe Bleue". En 1676 une famille d'Orléans fit l'acquisition définitive du château et entreprit d'importants travaux ; par la suite la propriété se transmit principalement par héritage. Au XIXe siècle, Jenny Crublier de Fougères épousa Charles‑Joseph de Montbel, dont elle eut une fille, Marie‑Luce ; après le décès de Charles‑Joseph, Jenny se remaria avec Albert Florizel de Drouin, comte de Rocheplatte, sans postérité. Marie‑Luce de Montbel épousa Arthur de La Rochefoucauld ; leur fils Xavier de La Rochefoucauld‑Montbel fut désigné comme héritier du comte de Rocheplatte et, en 1893, le château passa à la Maison de La Rochefoucauld. Solange de La Rochefoucauld‑Montbel, fille de Xavier, épousa le prince Paul Murat ; le prince et la princesse Murat reprirent Rocheplatte en 1919. Paul Murat, ancien capitaine du 29e Dragons pendant la Première Guerre mondiale, entra notamment le premier dans Monastir libéré et fut plus tard président de la Ligue pour la protection des oiseaux. Leur fils, le prince Louis Murat, épousa Isabelle d'Harcourt ; le couple a reçu à plusieurs reprises Jacqueline Bouvier à Rocheplatte, et le prince Louis fut l'un des ingénieurs ayant construit la base aérienne de Nouasseur, devenue l'aéroport Mohammed‑V de Casablanca. Des travaux aux XVIIIe et XIXe siècles ont donné sa physionomie actuelle au château, et le parc comporte des essences introduites dans la région par le botaniste Duhamel du Monceau. Une crypte gothique du XIIIe siècle est classée Monument historique depuis 1973 et une chapelle a été aménagée au XIXe siècle pour Monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans. Le parc et la crypte sont ouverts au public pendant une partie de l'été ; l'intérieur du château n'est pas classé Monument historique et ne se visite pas. Le château est situé à l'ouest du centre d'Aulnay‑la‑Rivière, dans le Bassin parisien, le long des cours de l'Œuf et de la Rimarde ; l'Essonne se forme dans le parc et l'accès depuis la commune se fait par la route départementale 26.