Origine et histoire du Château de Roquepiquet
Le château de Roquepiquet se dresse sur une terrasse en bordure du ruisseau du Tolzac, à 1 500 mètres à l'est du village de Verteuil-d'Agenais, dans le Lot‑et‑Garonne. Il comprend un corps de logis flanqué de deux ailes en retour qui déterminent une cour d'honneur, accessible par une allée traversant le parc ; les jardins comportent également une orangerie et une serre. Le site est vraisemblablement occupé depuis le Moyen Âge : lors des restaurations du début du XXe siècle, des substructions « bien antérieures aux autres constructions », selon l'abbé J. Dubois, ont été mises au jour. Déserté à la suite de la guerre de Cent Ans, le repaire fut donné en arrentement le 19 novembre 1470 par Arnaud de Caumont à Mathurin de Gervain, qui s'engageait à s'y établir et à améliorer les biens. Pendant les guerres de Religion, avant 1584, Gabriel de Gervain fit fortifier la maison noble en entourant l'ensemble de fossés et en ajoutant pont‑levis, créneaux, mâchicoulis, canonnières et guérites, ce qui suscita une vive opposition de son suzerain et nécessita une intervention du roi de Navarre. La chapelle funéraire est probablement l'œuvre de Jean de Gervain (1633‑1681). Au XVIIe siècle une longue procédure judiciaire porta sur la qualité noble des terres : un jugement rendu le 5 avril 1606 par Nicolas de Netz estima que Roquepiquet n'était pas un bien noble en raison du contrat de 1470, des appels furent formés et, après un arrêt du 22 février 1656, un arrêt final du 11 mai 1657 reconnut la noblesse du château et de ses préclôtures. Un acte de 1691 mentionne que Marie de Gervain fit donation de biens à son frère Paul, alors seigneur vivant au château. En 1739, un devis dressé par le chevalier de Roquepiquet, ingénieur du roi, prévoyait des aménagements intérieurs et extérieurs « pour rendre la maison commode et les dehors gracieux » ; il est difficile d'établir l'exécution complète des travaux, car seule la chambre dite de Madame de Gervain conserve un décor du XVIIIe siècle, et la façade du pavillon d'entrée au jardin à l'ouest porte la date 1740. À partir du milieu du XIXe siècle, d'importantes campagnes de restauration ont donné au château son aspect néo‑gothique : vers 1860 l'architecte Léopold Payen fit élever une tour circulaire hors‑œuvre dans l'angle sud‑est, puis la tour d'entrée au nord‑ouest fut surélevée et les lucarnes couronnées peu après. Un projet esquissé dès 1866 par Léo Drouyn fut finalement réalisé au début du XXe siècle par l'architecte Lucien Dubarry de Lassalle, qui fit construire la tour carrée sud‑ouest, aménager la terrasse sud, harmoniser les façades et réaliser le décor intérieur ; la date 1908 est encore lisible sur la tourelle sud. Le parc et les jardins furent recomposés par les paysagistes Denis et Eugène Bühler en 1857, puis par Édouard André entre 1902 et 1904. Jean Gabriel Émile de Gervain (1816‑1896), qui fut maire de Verteuil‑en‑Agenais et conseiller général du Lot‑et‑Garonne, résida au château et le légua à son neveu Pierre Henri Gabriel de Gervain (1870‑1911), marié en 1900 à Henriette Cruse ; le domaine a ensuite été transmis à leur fille et à son époux Maurice Harlé (1899‑1988). Le château de Roquepiquet a été inscrit au titre des monuments historiques le 16 septembre 1997.