Origine et histoire du Château de Rosemont
Le château de Rosemont, en ruines, est situé sur la commune de Luthenay-Uxeloup (Nièvre), en Bourgogne-Franche-Comté. Édifié presque au sommet d'une côte orientée nord-sud dominant le village de Luthenay, il mesure 55 mètres de large sur 90 mètres de long. L'ensemble était ceint de fossés d'environ vingt mètres de largeur et profonds parfois de cinq mètres. Des courtines reliaient sept tours cylindriques et une tour rectangulaire sous laquelle se trouvait le pont-levis. Au-dessus de cette entrée s'élevait une chapelle dédiée à Marie-Madeleine, mentionnée dans le pouillé de 1478. Les murs des tours, épais de deux mètres, portaient créneaux et corbeaux destinés à soutenir les hourds. À l'intérieur de l'enceinte, des bâtiments étaient adossés au rempart ; subsistent des traces de cheminées monumentales. À l'origine maison forte, Rosemont appartient en 1233 à Guillaume, sire de Thianges, qui reconnaît que sa maison-forte est du fief du comte de Nevers. Resté dans les dépendances du comte de Nevers, le domaine est vendu en 1597 par Henriette de Clèves, duchesse de Nevers, à Jérôme de la Chasseigne, puis acquis par la famille Chambrun d'Uxeloup. La terre, seigneurie et chastellenie de Rosemont comportait justice haute, moyenne et basse, possédait un bailliage et le droit de nommer les officiers. Pendant la Révolution, sous la Terreur, les propriétaires sont arrêtés par le comité révolutionnaire de Nevers ; le fils aîné, après une émigration, était revenu clandestinement sur les terres après la chute de la monarchie du 10 août 1792 et fut dénoncé aux autorités. Le père et le fils arrivèrent à Paris le 8 Thermidor ; ils furent jugés le jour même et guillotinés. Le château est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 20 octobre 1923. Les ruines ont inspiré le peintre Johan Barthold Jongkind, qui en fit un tableau exposé au musée d'Orsay et présenté au Salon des refusés en 1863. Une légende locale raconte que des fées participèrent à l'édification du château en une nuit, mais que la dernière apporta seulement l'équivalent de cent tombereaux de pierre, empêchant l'achèvement avant le chant du coq ; une autre légende fait venir les pierres d'elles-mêmes au son des fées, qui maçonnaient avec l'eau du ruisseau de la Colâtre.