Origine et histoire
Le château de Ruat, situé sur la commune du Teich en Gironde, faisait partie à l'origine du système de défense du Bassin d'Arcachon, entre les châteaux de La Teste et de Certes, propriétés des captaux de Buch. En 1300, Rufat Ier d'Artiguemal devint vassal de Pierre-Amanieu de Bordeaux et reçut en échange le petit fief comprenant le château du Techys et les terres environnantes ; son nom, issu du latin Rufatus, donna ensuite celui de Ruat ou Rufat. En 1425, le domaine passa par alliance à la famille de Casteja, qui remania le château dont les bases actuelles remontent au XVe siècle et déplaça les défenses par rapport à l'embouchure de l'Eyre située à 400 mètres au sud, en bordure des marais. Les Casteja restèrent vassaux du captal de Buch, titre associé au Moyen Âge à des figures comme Jean III de Grailly, et lié aux événements de la guerre de Cent Ans, notamment la bataille de Castillon où les biens des captaux furent confisqués puis rendus par Louis XI. De retour d'exil en 1468, Jean de Foix-Candale retrouva sa seigneurie en grande partie dépeuplée et accorda une première baillette sur la Grande montagne, tout en préservant des droits d'usage pour lui et pour les habitants de La Teste, Gujan et Cazaux ; au tournant du siècle suivant, le captalat de Buch fut scindé et le captalat de Certes intégra Le Teich. En 1628, Jean Castaing dit le « Broy », marchand de La Teste, acheta le domaine de Ruat ; sa descendance, par le mariage et la succession, produisit Pierre II Damanieu, devenu capitaine commandant pour le roi au captalat de Buch et qui se distingua pendant la Fronde en délivrant La Teste puis en bombardant le château de Certes pour réduire les insurgés. Anobli en 1654 sous le nom d'Amanieu de Ruat, il fut assassiné en 1675. En 1713, Jean-Baptiste Amanieu de Ruat acquit le captalat de Buch ; en conflit avec le seigneur de Certes, il conclut un remembrement en 1730 abandonnant notamment la baronnie d'Audenge et récupérant la paroisse du Teich, l'Eyre servant de limite naturelle, et il fut inhumé dans la chapelle de Ruat en 1739. Les Amanieu de Ruat furent également précurseurs dans la lutte contre les sables mobiles en semant des pins sur la côte et en faisant drainer et planter la lande du Teich par la Compagnie Nézer. La Révolution laissa le domaine à la famille, mais François Amanieu de Ruat, sorti de prison sans ressources, découvrit la propriété partiellement détruite et la mit en vente par l'intermédiaire de son gendre Charles de Labat. En 1846, Adrien Festugière acquit le château et fit remanier une partie de l'édifice en 1847, lui donnant l'aspect qu'il conserve aujourd'hui ; sa fille Marie épousa le général Charles Espinasse, qui périt à la bataille de Magenta en 1859. Le général fit construire la gare de Lamothe sur ses terres pour recevoir l'empereur ; le prince impérial et l'impératrice Eugénie fréquentaient le domaine, et l'empereur ordonna en 1857 l'ensemencement du plateau landais, s'inspirant selon le texte des réalisations des Amanieu de Ruat. Le domaine est resté dans la descendance du général Espinasse, puis des Fontenilliat, et se trouve actuellement entre les mains de Pierre‑Eric Villien de Gabiole, qui a entrepris depuis le début des années 2000 d'importants travaux de rénovation du château et de ses dépendances. Les façades et les toitures du château, à l'exclusion de la tour ronde à mâchicoulis, sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 11 novembre 1970.