Origine et histoire du Château de Sablé
Le château de Sablé, implanté au bord de la Sarthe à Sablé-sur-Sarthe, conserve des vestiges d’un château-fort attesté dès les Xe–XIe siècles. Un logis reconstruit aux XVe–XVIe siècles a ensuite été détruit ; dans la première moitié du XVIIe siècle des parties postérieures furent démolies et une cheminée déposée, actuellement conservée dans les écuries. Entre 1715 et 1750 l’architecte Desgots fit édifier un nouveau logis pour Jean‑Baptiste Colbert de Torcy ; les sculptures des élévations sont dues à Le Vayer, celles de la chapelle à Le Touvenin et le fronton fut sculpté par Carrier‑Belleuse. Vers 1870 l’architecte Georges Lafenestre remania le logis pour le duc de Chaulnes ; l’escalier tournant orné de ferronnerie, le vestibule, des salons et la chapelle ornée de peintures et de vitraux datent de cette intervention. L’enceinte médiévale, datée du XIIIe ou XIVe siècle, a été partiellement détruite vers 1773, et la garenne mentionnée au XIVe siècle subsiste en vestiges. Le jardin régulier avec bassin réalisé lors de la reconstruction du début du XVIIIe siècle fut partiellement détruit au troisième quart du XIXe siècle puis transformé en jardin paysager agrémenté d’un portail en ferronnerie. Après avoir servi d’hôpital de campagne pendant la Première Guerre mondiale, le château fut acheté en 1918 par l’industriel Jules‑Éloi Williot et converti en 1919 en manufacture de chicorée. La ville de Sablé acquit l’édifice en 1967, l’État en devint propriétaire et en 1980 il devint atelier de restauration du livre et centre technique de conservation de la Bibliothèque nationale, nommé centre Joël Le Theule. Le site est protégé au titre des Monuments historiques depuis le 16 octobre 1983 : les façades et toitures des parties communes sont inscrites, tandis que les façades et toitures du château et de nombreuses pièces avec leur décor, le grand escalier, l’escalier de l’ancienne chapelle, le salon‑bibliothèque à l’étage, la tour du Trésor, les remparts, le bâtiment des écuries, la poterne et les autres restes de l’enceinte médiévale, la terrasse et le sol des anciens parc et jardin à la française sont classés. Sur le plan architectural, la partie médiévale conserve un logis à un étage et combles desservis par un escalier en vis et un escalier droit extérieur, des communs, un donjon avec pont‑levis, une tour dite du Trésor et une chapelle remaniée au XVIIe siècle. Le château du XVIIIe siècle se présente comme un corps de logis carré à deux étages et combles, flanqué de tourelles coiffées de bulbes abritant les latrines. La première forteresse fut édifiée au dernier tiers du Xe siècle par Hugues III du Maine, qui la donna ensuite en fief à Geoffroy, frère cadet du vicomte Raoul IV, et la famille titulaire au XIIe siècle tire son origine des vicomtes du Maine. Aux XIIe et XIIIe siècles la seigneurie passa dans la parenté des vicomtes et des Craon, puis connut de nombreuses transmissions et ventes qui la conduisirent successivement aux maisons d’Anjou, d’Orléans, de Lorraine‑Guise et aux Montmorency‑Laval ; la baronnie fut cédée à Pierre de Craon à la fin du XIVe siècle, intégrée au duché de Mayenne au XVIe siècle et vendue en 1593 (ou 1594) au maréchal Urbain Ier de Laval, qui reçut le marquisat de Sablé en 1602. Au XVIIe siècle la seigneurie fut vendue à Jean IX de Longueil puis à Abel Servien avant d’être acquise en 1711 par Jean‑Baptiste Colbert de Torcy, commanditaire du château actuel ; après la Révolution la propriété passa par héritage et ventes et fut acquise en 1864 par la famille d’Albert de Luynes de Chevreuse, qui fit entreprendre des embellissements au XIXe siècle. Le centre technique de la Bibliothèque nationale installé dans le château répond aux recommandations du rapport Caillet (1979) et accueille des activités de catalogage, de numérisation, de traitement chimique, de conservation préventive, de restauration et de reliure. Dès 2007–2008 la numérisation de masse a remplacé la reproduction argentique des imprimés, tandis que des numérisations plus fines reproduisent manuscrits, cartes, affiches et autres documents spécialisés. Le traitement chimique vise à neutraliser l’action des acides qui dégradent le papier, la restauration cherche à rétablir la résistance mécanique par doublage avec un matériau neutre transparent, et la reliure assure une protection de longue durée.