Origine et histoire du Château de Saint-Baslemont
Le château de Saint-Baslemont se situe sur la commune éponyme, à l'ouest du département des Vosges en région Grand-Est. Il s'élève sur la pointe sud d'une colline qui porte le village et jouxte l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste. Depuis son sommet, il domine le vallon de Chèvre-Roche et le ruisseau de Thuillières, qui conflue avec la Saône à Bonvillet, et offre une vue vers l'est sur le village voisin de Thuillières et son château, dessiné au XVIIIe siècle par Germain Boffrand. Construit au XIVe siècle par les comtes de Montreux, il passe vers 1487 à la famille de Reinach par le mariage de Marie de Montreux et de Louis de Reinach. Des transformations importantes sont menées en 1581 par les Reinach afin d'actualiser le château médiéval ; Claude de Reinach en hérite à la fin du XVIe siècle. Son petit‑fils Jean‑Jacques de Haraucourt (1600-1644), colonel d'infanterie au service du duc Charles IV de Lorraine, devient ensuite propriétaire ; son épouse, Alberte‑Barbe d'Ernécourt (1607-1660), est connue sous le surnom d'Amazone Chrétienne pendant la guerre de Trente Ans. Le château est assiégé par les Suédois en 1635. Par mariage, il entre en 1646 dans la famille des Armoises et y reste jusqu'à la mort d'Antoine‑Bernard des Armoises en 1768. Il est ensuite vendu à Jean Baptiste Alexandre, qui n'y réside pas ; sa fille Marie‑Thérèse‑Adélaïde Alexandre en hérite et épouse Charles‑Antoine‑Joseph Regnault de Raulecourt, maire de Nancy de 1816 à 1830. Revendu en 1847 à Charles Nicolas, il change plusieurs fois de mains avant d'être acquis au début du XXe siècle par Adolphe Amédée Louveau, dit Fernand Samuel, directeur du Théâtre des Variétés de Paris de 1892 à 1914. Louveau venait régulièrement à Vittel en compagnie d'Ève Lavallière ou de son épouse Jeanne Saulier ; à sa mort en 1914, sa fille Jeanne Louveau (1895-1980), qui se faisait appeler Jean Lavallière, hérite puis vend le domaine à Mme Labourot. Ève Lavallière achète une maison nommée Béthanie à Thuillières, où elle termine sa vie. En 1922 le château est transformé en hôtellerie ; le corps principal de logis et les tours nord et sud sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques le 21 avril 1937. Abandonné après la Seconde Guerre mondiale, il fait l'objet de premières restaurations engagées par M. Labourot, qui répare d'abord les communs avant qu'un incendie provoqué par la foudre en 1975 ne les détruisse. Le propriétaire entreprend ensuite la restauration du corps de logis pour en faire un restaurant ; le logis principal a été restauré mais les communs sont restés en ruine après l'incendie. En 2017, le château est devenu la propriété de Patrick Groult. Le bâtiment a été profondément remanié au fil des siècles et présente aujourd'hui un plan en L, avec le corps de logis principal flanqué de deux tours d'un côté et des dépendances de l'autre. La haute façade sud du corps de logis a été percée à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle et domine deux terrasses aménagées en jardin ; la façade nord s'ouvre sur une cour d'honneur, probablement aménagée à la fin du XVIIe siècle. Le logis, symétrique, comporte trois niveaux d'ouvertures encadrées de grès rouge ; les croisées qui équipaient à l'origine les fenêtres ont été bouchées ou remplacées. La toiture à croupes, recouverte de tuiles en écaille, a été entièrement refaite après l'incendie de 1975. À l'intérieur subsistent des salles voûtées, des silos et des oubliettes médiévaux, ainsi qu'un escalier d'apparat conduisant au jardin en contrebas. Les deux tours rondes, datées du XIVe siècle, ont des toits coniques en bardeaux et sont d'inégale taille — le château comptait à l'origine quatre tours. La plus petite, au sud‑est, comporte trois meurtrières à sa base ; la plus grande, au sud‑ouest, présente une meurtrière‑canonnière à mi‑hauteur et plusieurs canonnières à redents sous la toiture ; ces ouvertures défensives sont principalement orientées au sud, tandis que les canonnières côté nord ont été partiellement obturées. Les dépendances, situées à l'ouest de la cour et formant l'autre bras du L, datent de la Renaissance ; elles présentent des ouvertures récentes et quelques anciennes croisées murées depuis longtemps. Un haut mur d'enceinte ferme la cour d'honneur, percée d'un portail en demi‑lune surmonté d'une grille en fer forgé du XVIIIe siècle, encadrée de pilastres polygonaux à fûts moulurés et couronnée de vases ciselés, dont l'un est tombé en 2015. À gauche du portail, hors de l'enceinte, l'église Saint‑Jean‑Baptiste, ancienne chapelle castrale, a été édifiée vers 1560 par la famille Reinach dans un style gothique ; son clocher est couronné d'un dôme à l'impériale, forme répandue en Franche‑Comté. L'église comprend trois nefs et trois travées voûtées sur croisées d'ogives, avec un chœur à chevet plat qui abrite un autel en bois doré du XVIIIe siècle. La nef reçoit un retable du XVIe siècle intitulé Le Christ et les douze apôtres, classé le 4 août 1939, sous la statue de Saint‑Jean‑Baptiste du XIVe siècle, classée le 26 novembre 1964 ; le retable en pierre présente sept arcades en relief, teintées d'ocre rouge avec des traces de dorure. Le chœur s'ouvre sur deux chapelles latérales : au nord la chapelle Saint‑Claude, faite par Claude Reinach comme chapelle funéraire et voûtée sur liernes et tiercerons, avec les statues de Saint‑Claude et Saint‑Vincent ; au sud la chapelle Notre‑Dame‑de‑Lorette, édifiée par Gérard de Reinach et renfermant un bas‑relief illustrant la légende de Lorette. La sacristie a été ajoutée en 1747. Enfin, du XIIe au XVIIIe siècle, six familles se sont succédé à la seigneurie de Saint‑Baslemont : les familles de Saint‑Baslemont, de Graux, de Montreux, de Reinach, de Haraucourt et des Armoises.